VIOLON
Le violon et sa musique
Les musiciens qui ont adopté le violon dès sa naissance sont des « rebecquets » ; on « en use en dancerie communément et à bonne cause [...] même en conduisant quelques noces ou mommerie » et « il se trouve peu de gens qui en usent sinon ceux qui en vivent par leur labeur » (Philibert Jambe de Fer, 1556). Le violon est donc l'instrument des « violoneux » qui jouent des musiques populaires de structure simple, dont on ne retrouve pas de littérature écrite.
Cependant les avantages « acoustiques » de l'instrument sont énormes et lui permettent de supplanter rapidement les instruments de l'époque, le luth en particulier. Mersenne (1636) précise déjà que « les sons ont plus d'effet [...] sont plus vigoureux et percent davantage [...] Et ceux qui ont entendu les vingt-quatre violons du roy ajoutent qu'ils n'ont jamais rien ouï de plus ravissant ou de plus puissant : de là vient que cet instrument est le plus propre pour faire danser, comme l'on expérimente dans les ballets et partout ailleurs ».
Mersenne donne aussi la partition d'une « Fantaisie à cinq composée par le sieur Henry le Jeune », d'allure simpliste. Mais il faut se défier de cette simplicité apparente : la partition de l'époque ne représente que le « squelette » de la musique.. Que savons-nous du style de jeu de Balthazar de Beaujoyeulx, dont tout le monde parlait avec admiration ? Que savons-nous de la technique violonistique de ce temps-là ? Autant dire rien. Les musiciens de l'époque n'étaient cependant certainement pas plus malhabiles que ceux d'aujourd'hui. Mersenne nous le dit bien : le musicien ne peut pas « toucher plus de seize fois la corde (par seconde) » et ce nombre n'est toujours pas dépassé par les plus habiles virtuoses de nos jours !
Cependant, le violon reste longtemps, du moins en France, l'affaire d'un domestique et la musique dont il est chargé est de la « musique fonctionnelle », qu'on n'écoute pas pour elle-même, mais qui sert à faire danser. Ce n'est qu'au début du xviie siècle qu'apparaissent des pièces de « concert » pour violon seul et des « sonates » ; Torelli élabore la formule du concerto (dans le sens actuel du terme) et Corelli parfait cette formule. Dès 1607, Monteverdi, il est vrai, utilisait déjà, dans son Orfeo, des « petits violons à la française ». Quoi qu'il en soit, l'instrument a probablement été inventé en Italie, où, dans ses débuts, les noms de violonistes-compositeurs y sont légion : Vivaldi, Albinoni, Vitali, Geminiani, Locatelli, Veracini, G. Tartini surtout.
En France, c'est au milieu du xviiie siècle que le concerto italien est admis, et encore grâce à des compositeurs de la taille d'un Couperin et à des violonistes-compositeurs du talent d'un Leclair, d'un Rebel, d'un Senallié, d'un Francœur, d'un Mondonville. Finalement vient celui qui fait entrer le violon parmi les « grands » : G.-B. Viotti.
En Allemagne, le violon a acquis très tôt ses titres de noblesse avec Bach, Telemann, Haendel, Leopold Mozart, Haydn, Mozart... puis Beethoven.
Au xixe siècle fleurissent des œuvres dans toute l'Europe. Paganini pousse la virtuosité à un point jamais atteint. Puis viennent Baillot, Kreutzer, Spohr, Sevčik, Rode. Tous ces violonistes composent pour leur instrument, qu'ils connaissent bien et dont ils savent exploiter les possibilités. Si leur musique a vieilli, on ne peut disconvenir qu'elle est merveilleusement écrite pour l'instrument et qu'elle exige une technique sans failles. Les compositeurs les plus illustres écrivent : Mendelssohn, Brahms, Saint-Saëns. Dès le début du xxe siècle, de plus en plus, deux directions s'amorcent : musique « sérieuse » (concertos, quatuors, sonates, trios) et morceaux de genre,[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Émile LEIPP : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S., chargé de cours d'acoustique au Conservatoire national supérieur de musique de Paris
Classification
Médias
Autres références
-
VIOLON, en bref
- Écrit par Juliette GARRIGUES
- 1 256 mots
- 11 médias
Le violon est un instrument à cordes frottées par un archet. Le violoniste, qui joue en tenant son instrument sous le menton, produit les notes en posant les doigts sur une ou plusieurs des quatre cordes et en faisant vibrer celles-ci avec l'archet – une baguette en bois légèrement incurvée sur laquelle...
-
ACCARDO SALVATORE (1941- )
- Écrit par Pierre BRETON
- 778 mots
Aux xixe et xxe siècles, l'école italienne du violon n'est pas la plus fournie en virtuoses de l'histoire de l'instrument. Si elle paraît en retrait comparée à ses sœurs russe, franco-belge ou allemande, elle n'en offre pas moins quelques étoiles de première grandeur, parmi lesquelles émerge...
-
ALTO
- Écrit par Juliette GARRIGUES
- 982 mots
- 8 médias
Instrument de la famille des cordes, apparenté par sa forme au violon, l'alto est un peu plus grand que celui-ci – il mesure 67 centimètres environ, contre 59 –, est construit avec les mêmes matériaux et comporte le même nombre de pièces. Son archet est plus court mais plus lourd que celui du violon....
-
ALTO, instrument
- Écrit par Pierre-Paul LACAS
- 619 mots
Instrument à cordes de la famille des violons. L'alto est légèrement plus grand que le violon ; il mesure en moyenne 67 centimètres, dont 40 pour la caisse ; les éclisses ont 4 centimètres de hauteur vers le manche et 4,2 cm au bouton de cordier. L'alto est accordé une quinte au-dessous du ...
-
ARRANGEURS DE LA CHANSON FRANÇAISE
- Écrit par Serge ELHAÏK
- 7 932 mots
- 3 médias
...au-delà de son talent d’arrangeur pour Charles Trenet (Fidèle), Annie Cordy (Hello Dolly), Fernandel ou Maurice Chevalier, il devient célèbre avec ses « violons magiques » dont il met en avant les sonorités graves alors que les arrangeurs font souvent jouer les violons dans l’aigu. Une de ses musiques,... - Afficher les 96 références