LISI VIRNA (1936-2014)
Virna Lisi est née Virna Pieralisi à Ancône, le 8 novembre 1936, dans un milieu bourgeois. Le chanteur napolitain Giacomo Rondinella, ami de sa famille, lui permet de faire ses débuts à Cinecittà, en 1953 : on lui confie le premier rôle féminin de…e Napolicanta !, une comédie musicale de Armando Grottini. Les tournages s'enchaînent, pour la plupart des films « napolitains » et des mélodrames, dont certains avec des cinéastes intéressants comme Mario Mattoli, pour la comédie Le diciottenni (1955). Dans le cadre des nombreuses coproductions de l'époque, l’actrice apparaît en 1955 aux côtés de Bourvil, de Bernard Blier et de Louis de Funès dans Les Hussards d'Alex Joffé. En 1956, elle est la protagoniste du drame de Francesco Maselli, La donna del giorno. Comme tant d'autres jeunes et jolies actrices, elle accumule les contrats dans des films commerciaux. En même temps, présentée par Vittorio Gassman, elle joue pour Giorgio Strehler au Piccolo Teatro de Milan. Michelangelo Antonioni la met également en scène au théâtre avec Monica Vitti en 1957 dans Scandalisegreti. En 1961, c’est logiquement qu’elle croise l'immense Totò (Sua Eccellenza si fermò a mangiare, de Mattoli) et le sculptural Steve Reeves dans le péplum de Sergio Corbucci, Romulus et Rémus.
Le premier film d'envergure de Virna Lisi est Eva de Joseph Losey (1962), où elle se trouve en haut de l'affiche avec Jeanne Moreau et Stanley Baker. Elle joue aussi avec Alain Delon dans La Tulipe noire de Christian-Jaque (1964). Avec une certaine naïveté, la disparition de Marilyn Monroe pousse Hollywood à chercher à l’actrice une « remplaçante ». Virna Lisi est sollicitée pour remplir ce rôle un peu absurde. C'est ainsi qu'est présentée sa performance dans Comment tuer votre femme de Richard Quine (1965), où elle affirme ses talents de fantaisiste au côté de Jack Lemmon. Mais le caractère de Virna Lisi, qu'elle a prouvé depuis dix ans en gérant sa carrière avec détermination et réalisme, tolère mal les contraintes du système hollywoodien. Elle rentre en Italie. Dès 1964, elle affirmait clairement, lors d'un entretien avec Oriana Fallaci, que sa vie de famille équilibrée, ses goûts de bourgeoise assumée étaient incompatibles avec les habitudes américaines. Elle ajoutait cependant, face à la journaliste italienne, qu'elle aimait avec passion piloter des avions et se détendre en flânant dans les cimetières ! Refusant le rôle de « James Bond girl » et celui de Barbarella dans le film tourné par Vadim, Virna Lisi poursuit alors une carrière internationale. Ses films marquants sont la palme d'or de 1966, Ces messieurs dames (1966) de Pietro Germi, qu'elle plaçait parmi ses cinéastes préférés, Au-delà du bien et du mal (Liliana Cavani, 1977) où elle interprète le rôle de la sœur de Nietzsche, ou encore La cicala (Alberto Lattuada, 1980). Elle ne cesse de travailler pour le cinéma et la télévision. Mais la véritable consécration lui vient avec La Reine Margot de Patrice Chéreau (1994), dans lequel elle incarne une Catherine de Médicis glaçante autant que vipérine. Ce rôle, que Monica Vitti et Sophia Loren avaient refusé, lui vaut d’obtenir le prix d'interprétation au festival de Cannes en 1994 (elle est préférée à Isabelle Adjani, qui a le rôle-titre) et le césar du second rôle en 1995. Virna Lisi ne fera plus ensuite que de la télévision, tout en se montrant fidèle au cinéma de Cristina Comencini. Elle avait joué pour son père Luigi en 1989 dans Joyeux Noël, bonne année. Elle interprète trois films sous la direction de Cristina Comencini, dont Latin Lover qui sort en 2015, après la mort de l'actrice à Rome, le 18 décembre 2014. Virna Lisi avait survécu un an à son époux, l'architecte Franco Pesci, qu'elle avait épousé en 1960 et qu'elle avait préféré aux tentations hollywoodiennes.[...]
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Écrit par
- René MARX : critique de cinéma
Classification
Média