VIROÏDES
Découverts au début des années 1970, les viroïdes forment un petit groupe d’agents pathogènes particulièrement originaux. Connus uniquement chez les plantes supérieures, ils sont caractérisés par un très petit génome (environ 250 à 400 nucléotides), dix fois moins important que ceux des plus petits virus. Parmi la trentaine de viroïdes recensés, plusieurs sont responsables de graves maladies chez les plantes.
L’émergence du concept de viroïde
Si plusieurs maladies causéespar les viroïdes sont connues depuis la première moitié du xxe siècle, ce n’est que progressivement, à la fin des années 1960, que la compréhension de la structure de ces agents a fait émerger le concept de viroïde. Jusqu’alors, ces maladies étaient considérées comme étant d’origine virale car elles en possédaient de nombreuses propriétés, comme leur transmissibilité mécanique et par greffage, ou encore la faible taille de l’agent causal et l’impossibilité de le cultiver.
Grâce aux travaux de l’Américain Theodor O. Diener sur la maladie des tubercules fusiformes de la pomme de terre, les efforts pour purifier le pathogène en cause allaient apporter de nombreuses surprises. Ainsi, l’agent causal ne se sédimentait pas en ultracentrifugation, ce qui impliquait une taille bien plus petite que celle d’un virus. Il a ensuite été démontré qu’il était sensible aux ribonucléases (enzymes permettant la dégradation de l’ARN) et qu’il se comportait comme un acide nucléique de très faible taille. Enfin, ce petit acide nucléique purifié était infectieux et pouvait induire la maladie en l’absence de tout virus. Toutes ces observations ont finalement conduit, vers 1971, à définir un nouveau groupe d’agents pathogènes appelés viroïdes.
Il est important de souligner à quel point ce concept de viroïde, divergeant nettement des caractéristiques de tous les virus connus, a été novateur à l’époque, et a rencontré des difficultés pour s’imposer au sein de la communauté scientifique. Mais une fois ces propriétés définies et les méthodologies pour rechercher un viroïde défrichées, plusieurs autres agents partageant les mêmes caractéristiques allaient rapidement être identifiés, dont ceux qui sont responsables du rabougrissement du chrysanthème (Chrysanthemumstuntviroid, CSVd) et de l’exocortis des agrumes (Citrus exocortisviroid, CEVd).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Thierry CANDRESSE : directeur de recherche, UMR 1332 Biologie du fruit et pathologie, INRA et université de Bordeaux
Classification
Médias
Autres références
-
ARN (acide ribonucléique) ou RNA (ribonucleic acid)
- Écrit par Marie-Christine MAUREL
- 2 772 mots
- 2 médias
...présentent des motifs catalytiques agissant au cours de la réplication virale. Chez le virus de l'hépatite Delta, de nombreux ARN satellites de virus et des viroïdes. Ces motifs viraux, dits en « tête de marteau » ou en « épingle à cheveux » en raison de leur forme, s'auto-coupent de manière réversible... -
PHYTOPATHOLOGIE
- Écrit par Marie-Thérèse ESQUERRÉ-TUGAYÉ
- 5 840 mots
- 9 médias
...virus » (1898). Le virus de la mosaïque du tabac (VMT) sera observé en microscopie électronique pour la première fois en 1939 par Gustav Kausche. Les viroïdes, particules plus petites que les virus et spécifiques du règne végétal, seront découverts bien plus tard, en 1971 par Theodor O. Diener. ... -
VIRUS
- Écrit par Vincent BARGOIN
- 8 338 mots
- 4 médias
...revanche, il faut noter qu'au regard de cette définition des agents infectieux longtemps supposés viraux doivent être exclus de cette catégorie : les viroïdes et les prions. Les viroïdes sont de simples boucles d'ARN d'environ 300 nucléotides, qui infectent certains végétaux (pomme de terre, tomate,...