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VIROSES VÉGÉTALES

Incidence économique

Les virus sont, après les champignons, les agents pathogènes les plus néfastes, sur le plan économique, pour les plantes cultivées. Les dommages directs et indirects imputables aux viroses prennent généralement en compte les effets des infections virales (réduction de la croissance des cultures, de leur vigueur, de leur qualité et de leur valeur économique) et le coût des programmes de prévention et d'amélioration variétale visant à mettre au point des plantes résistantes. Certaines viroses se manifestent par des symptômes difficilement identifiables visuellement, ce qui amène fréquemment à imputer les baisses de rendement qu'elles provoquent à des déficiences physiologiques ou des carences nutritionnelles. Cela explique la sous-évaluation globale de l'impact des maladies virales sur la production agricole.

Un grand nombre de maladies virales touchent des espèces à multiplication végétative qui permettent au virus de se perpétuer par bouturage ou par greffage. Ainsi, les virus infectant les plantes cultivées à partir de tubercules ou de bulbes sont transmis à toute la descendance. Les pertes liées au seul virus X de la pomme de terre, par exemple, représentent de 10 à 15 p. 100 de la production mondiale de cette plante. D'autres virus affectent également la pomme de terre, comme celui de l'enroulement, et provoquent aussi des dégâts importants. Pour les plantes ornementales également, la transmission peut se faire par voie végétative : virus de la panachure florale du Pelargonium, qui peut infecter l'ensemble de la production de certaines pépinières, virus de la marbrure de l'œillet ou virus de la mosaïque du concombre sur glaïeul ou sur chrysanthème. Le virus de la rhizomanie de la betterave, présent en Europe, au Japon et aux États-Unis, est responsable d'une forte diminution des rendements à l'hectare et d'une baisse substantielle du contenu en sucre. Environ 100 000 hectares de cultures betteravières seraient touchées par cette maladie en France. Les surfaces contaminées sont en constante augmentation dans tous les pays où le virus est présent. Certaines viroses affectant les arbres fruitiers, dont la propagation est favorisée par les méthodes de greffage, causent elles aussi des dommages considérables. Le virus de la Sharka, par exemple, touche les arbres fruitiers à noyau du genre Prunus (prunier, abricotier et pêcher essentiellement, et, dans une moindre mesure, cerisier et amandier). Circonscrit jusqu'au début des années 1970 à l'Europe centrale, où plusieurs dizaines de millions d'arbres ont dû être détruits, il s'est propagé à la plupart des pays d'Europe occidentale et a été décrit au Chili en 1995 puis aux États-Unis en 1999. L'émergence de nouvelles souches très virulentes a provoqué une recrudescence de la maladie qui cause une forte diminution de la production, d'importantes déformations morphologiques sur les fruits – rendant la production impropre à la commercialisation ou obligeant à son déclassement –, voire une chute des fruits avant leur maturité chez les cultivars les plus sensibles.

Les maladies virales peuvent surtout avoir de très importantes répercussions socio-économiques, en particulier dans les pays en développement. Ainsi, au Ghana, dont l'économie dépend largement de l'exportation des fèves de cacao, la maladie du gonflement des tiges du cacaoyer a provoqué une diminution de 70 p. 100 de la production en une vingtaine d'années, avant de contraindre à l'arrachage de plus de 200 millions d'arbres. On estime d'ailleurs que 10 p. 100 de la production mondiale annuelle de cacao est perdue à cause de ce seul virus. De même, le virus de la Tristeza des agrumes, qui s'est propagé depuis l'Argentine à l'ensemble des pays producteurs d'Amérique du[...]

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Plantes transgéniques - crédits : Encyclopædia Universalis France

Plantes transgéniques

Multiplication dun virus dans une cellule végétale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Multiplication dun virus dans une cellule végétale

Autres références

  • GÉNOMIQUE - La transgenèse

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