VIROSES VÉGÉTALES
Méthodes de lutte
Aujourd'hui, il n'existe aucun moyen de lutte curatif utilisable au champ contre les viroses végétales, en grande partie du fait de l'absence de système immunitaire chez les plantes. Certains agents antiviraux (acyclovir par exemple) peuvent toutefois être efficaces pour guérir les plantes des virus, de même que des traitements thermiques (cf. horticulture ornementale) associés à la culture in vitro de méristèmes. De tels traitements sont cependant réservés à des cas très particuliers, en raison de leur durée et de leur coût. Pour les espèces cultivées, la seule manière de limiter une infection et d'éviter une épidémie reste la destruction systématique des plantes infectées avant que celles-ci ne constituent un foyer à partir duquel la maladie peut se propager. Pour cela, il est fondamental d'identifier le virus responsable.
Identification du virus
Le diagnostic visuel, qui s'appuie sur l'observation des symptômes, permet souvent d'identifier un virus. Toutefois, dans de nombreux cas, cette observation reste insuffisante si les symptômes sont difficilement reconnaissables, voire invisibles à l'œil nu. On peut alors avoir recours au microscope électronique, qui permet de visualiser les particules virales dont la morphologie est souvent typique d'une famille de virus. Il est également possible de recourir à des plantes indicatrices sur lesquelles les symptômes sont bien caractérisés : il suffit d'inoculer une de ces plantes à partir d'un extrait ou d'un fragment de la plante supposée malade et d'observer l'apparition d'indices permettant de diagnostiquer la présence de virus dans la plante incriminée. Cette méthode, souvent très longue, est de moins en moins utilisée dans les services de quarantaine qui contrôlent les importations de matériel végétal. Depuis les années 1980, des méthodes sérologiques permettent un diagnostic de routine, comme le test Elisa (enzyme-linked immunosorbent assay) qui associe réactions immunologique et enzymatique et qui est utilisé avec succès dans la recherche de nombreuses maladies virales végétales ou animales. Depuis le milieu des années 1990, le développement des techniques de biologie moléculaire a permis la mise au point de méthodes de diagnostic très sensibles, fondées sur la détection des acides nucléiques constitutifs du génome viral. Cette reconnaissance est effectuée soit par hybridation de séquences d'acides nucléiques complémentaires du génome viral, appelées sondes, soit par amplification de parties de ce génome par PCR (polymerase chain reaction) à partir de petites séquences spécifiques appelées amorces.
Lutte contre les vecteurs et sélection sanitaire
Une fois l'identité du virus connue, il est possible de lutter contre sa propagation de façon indirecte, en éliminant son vecteur s'il en a un et si ce dernier est identifié. Pour cela, il est nécessaire de traiter les cultures par pulvérisation d'insecticides ou de fongicides, ou par fumigation de nématicides, produits parfois très polluants.
L'élimination des sources de contamination peut s'avérer très difficile. Si elles proviennent des cultures elles-mêmes, il est possible d'entreprendre une sélection sanitaire, c'est-à-dire la production à l'abri de toute infection de plants certifiés sains, par multiplication végétative à partir de plantes indemnes ou traitées par thermothérapie. Ces plants sont ensuite introduits dans les parcelles cultivées. Cette méthode n'est efficace que si des outils de diagnostic suffisamment puissants existent et qu'ils permettent notamment de garantir l'élimination des sources de contamination avant l'introduction de matériel sain. Malgré toutes ces précautions, de nombreuses plantes sauvages servent de réservoir aux virus, et rendent souvent difficile, voire illusoire, l'éradication des sources primaires[...]
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Écrit par
- Pierre-Yves TEYCHENEY : docteur
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