VIRULENCE BACTÉRIENNE
Tout organisme évolue en équilibre au sein d’un monde de micro-organismes dont certains sont pathogènes ou potentiellement pathogènes. Parfois, cet équilibre est rompu, ce qui se traduit par une infection bactérienne caractérisée par le développement anormal d’une ou de plusieurs populations de bactéries. La virulence de ces dernières détermine alors les caractéristiques de la maladie infectieuse. Mais la relation de cause à effet entre présence de la bactérie et apparition du trouble n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Si la maladie dépend bien des propriétés de la bactérie, elle dépend également du statut, en particulier immunitaire, de l’hôte.
Pathogénicité et virulence
ll faut ainsi distinguer « pathogénicité » et « virulence bactérienne ». La pathogénicité décrit la capacité d’un micro-organisme à induire des perturbations fonctionnelles ou métaboliques, locales ou générales (systémiques) chez un hôte donné. Elle peut être temporaire (infection aiguë) ou prolongée (infection subaiguë ou chronique), se résorber spontanément ou bien être fulgurante et mortelle en l’absence d’un traitement adapté. La pathogénicité d’une bactérie est une propriété contingente : elle dépend du statut immunitaire du patient et nombreuses sont les situations – diabète, transplantations d’organes, déficits immunitaires, chimiothérapies anticancéreuses… – dans lesquelles un état immunitaire perturbé favorise l’apparition de bactéries pathogènes. La réponse de l’hôte contre le pathogène est en fait primordiale pour définir le degré de pathogénicité. Une réponse immunitaire trop faible facilitera le développement du micro-organisme et conduira à la maladie voire au décès – ainsi dans le cas d’infections opportunistes chez les patients immunodéprimés –, tandis qu’une réponse immunitaire trop forte sera délétère pour les tissus de l’hôte en induisant certes la dégradation des bactéries mais également celle des cellules environnantes et en favorisant la fibrose des tissus – comme lors de la destruction du tissu pulmonaire dans le cas d’une pneumonie nécrosante à Staphylococcus aureus producteurs de toxines dites de Panton-Valentine. Plusieurs autres variables affectent la pathogénicité, telles que le nombre minimal de bactéries capables d’induire une infection, la voie d’entrée chez l’hôte, ou encore l’état et la composition du microbiote, un microbiote peu dense pouvant favoriser l’installation d’une bactérie pathogène.
La virulence bactérienne est quant à elle une propriété intrinsèque de la bactérie déterminée par des gènes de virulence du génome bactérien. Elle est définie comme la capacité d’une bactérie à entrer, à se multiplier et à persister dans un site de l’hôte normalement stérile et inaccessible aux espèces bactériennes commensales (celles qui vivent en équilibre avec le sujet). La virulence est donc la capacité d’un micro-organisme à causer des dommages chez son hôte et permet d’évaluer la pathogénicité engendrée par ce micro-organisme. Elle peut être déterminée expérimentalement au laboratoire en évaluant le nombre de bactéries nécessaires pour induire la lésion, la maladie ou la mort d’un animal modèle. Le degré de virulence est donc directement lié à la capacité du micro-organisme à déclencher une pathologie malgré les mécanismes de défense mis en route par l’hôte. La présence ou l’absence de gènes codant des facteurs de virulence au sein du génome de la bactérie considérée (chromosome bactérien et éléments génétiques mobiles) est un facteur déterminant de l’importance des effets pathogènes et de leur évolution.
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Écrit par
- Aurélie CHABAUD : pharmacienne-biologiste spécialisée, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
- Sylvain MEYER : assistant hospitalo-universitaire, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
- Marie-Cécile PLOY : professeure des Universités, praticienne hospitalière, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
Classification
Médias