VIRULENCE BACTÉRIENNE
Mieux comprendre la virulence
Pendant longtemps, la compréhension de la virulence est passée par l’étude de situations singulières, une toxine, une protéine d’adhésion… qui a fait les premiers succès de la microbiologie (premiers vaccins, développement d’outils diagnostiques…). Durant les dernières décennies du xxe siècle, les scientifiques se sont intéressés à des ensembles de gènes présents dans un îlot de pathogénicité, un phage ou un plasmide donné, ce qui a permis de mieux comprendre le fonctionnement individuel et la transmission de ces éléments génétiques mobiles. Dorénavant, l’accès à l’intégralité des génomes, au paysage des gènes exprimés voire des métabolites produits dans différents environnements permet de mieux comprendre la virulence et d’élargir sa définition. Néanmoins, la prédiction de la virulence demeure aujourd’hui toujours complexe. En effet, l’apparition de nouvelles propriétés est fréquente et il est très difficile de deviner leurs fonctions car elles sont soumises aux interactions entre l’hôte et le pathogène. Beaucoup de gènes bactériens demeurent inconnus et la compréhension des effets des protéines associées à ces gènes reste un travail long et fastidieux malgré les avancées technologiques et les outils de modélisation bio-informatique. Le travail de surveillance épidémiologique dans les laboratoires de bactériologie hospitaliers et vétérinaires (souches anormalement infectieuses, microépidémies…) reste ainsi primordial tout comme le travail de recherche fondamentale sur la compréhension des interactions hôtes-pathogènes.
Le sujet de la virulence bactérienne, comme celui de la résistance bactérienne doit être intégré dans un système de coopération scientifique entre les domaines humains, vétérinaires et environnementaux (plantes, écosystèmes…) qui s’opère depuis les années 2010 sous le terme « One Health » (« Une seule santé »). En effet, on observe de nombreuses interactions entre des souches bactériennes isolées chez l’animal, dans l’environnement et chez l’être humain, par l’alimentation, l’eau ou les contacts avec les animaux sauvages et domestiques. C’est notamment le cas de certains pathogènes stricts tels que Campylobacter jejuni (transmis par la consommation de viande de volaille mal cuite) ou par certaines souches de salmonelles (liées à de nouveaux animaux domestiques, reptiles, furets…). Mais c’est également le cas de certaines souches de Staphylococcus aureus (comme le complexe clonal 398) ou de bacilles à Gram négatif (Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae…) qui émergent en portage dans la population générale humaine, sans que l’on connaisse encore leur dangerosité.
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Écrit par
- Aurélie CHABAUD : pharmacienne-biologiste spécialisée, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
- Sylvain MEYER : assistant hospitalo-universitaire, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
- Marie-Cécile PLOY : professeure des Universités, praticienne hospitalière, laboratoire de bactériologie virologie hygiène, CHU de Limoges
Classification
Médias