VIRUS GÉANTS
Mimivirus, le premier virus géant qualifié comme tel, a été isolé par Tim Rowbotham en 1992 dans une tour de refroidissement à Bradford, près de Leeds au Royaume-Uni. Initialement pris pour un nouveau type de bactérie parasite intracellulaire, sa nature virale n'a été suspectée qu'en 2003, puis confirmée par le séquençage et l'analyse de l'ADN de son génome, long de plus d'un million de nucléotides, en 2004. Facilement visibles au microscope optique, ces particules virales ont un diamètre de l'ordre de 0,7 micromètre, similaire à celui d'un mycoplasme. On découvre maintenant que de tels virus ne sont pas rares, en particulier dans les milieux aquatiques. Le dernier en date, Megavirus chilensis, découvert sur les côtes chiliennes, possède un nombre record de gènes (1 260), ce qui le place largement au-delà de la complexité génétique de nombreuses bactéries. L'existence de tels monstres force à se replonger dans la définition même d'un virus, et engendre des interrogations iconoclastes sur leur origine évolutive. Certains auteurs ont été jusqu'à émettre l'hypothèse qu'ils pourraient être les seuls héritiers d'un type cellulaire aujourd'hui disparu (un quatrième domaine du vivant), dont les gènes n'ont pu survivre qu'à travers le parasitisme des cellules d'un des trois autres domaines du vivant, les eucaryotes.
Par définition, les virus se doivent d'être petits
La notion de taille est centrale dans la définition des virus depuis la découverte du premier d'entre eux en 1892. C'est en effet l'année même du jubilé triomphal de Louis Pasteur à la Sorbonne, que Dimitri Ivanovski, professeur à l'université de Saint-Pétersbourg, fait le premier accroc à la « théorie des germes » proposée par Pasteur en 1878. Ivanovski découvre que l'agent de la maladie de la mosaïque du tabac n'est pas retenu par le filtre en porcelaine mis au point par Chamberland, la rétention sur le filtre étant le critère alors universellement accepté pour attester de la présence d'un microbe responsable d'une infection. Cet agent mystérieux se révèle également incultivable et reste invisible aux microscopes de l'époque.
Quelques années plus tard à Amsterdam, Martinus Beijerinck confirme ces travaux, écarte l'hypothèse d'une toxine et introduit le terme de « virus filtrable » pour désigner ces agents infectieux d'un genre nouveau. Ceux-ci sont définis par trois propriétés négatives : invisibles au microscope optique ; incultivables sur un milieu nutritif ; non retenus par le filtre de Chamberland. La nature des virus est restée vague jusqu'à leur visualisation par les premiers microscopes électroniques en 1939. Il est alors apparu que ces agents infectieux étaient de petites particules, souvent de forme régulière, avec des dimensions allant de 20 nanomètres à 200 nanomètres, donc inférieures à la fois à la taille de la plupart des bactéries (de l'ordre de quelques micromètres) et à la porosité moyenne des filtres utilisés pour la stérilisation de l'eau (pores de diamètre < 300 nm).
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Écrit par
- Chantal ABERGEL : directrice de recherche au CNRS
- Jean-Michel CLAVERIE : professeur des Universités, directeur de recherche au CNRS, praticien hospitalier
Classification
Médias
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