LASSA VIRUS
La fièvre Lassa a été identifiée pour la première fois en janvier-février 1969 au Nigeria, à la suite de l'hospitalisation d'une malade venant de Lassa (ville du nord-est du pays, dans l’État de Borno). Trois cas secondaires (dont deux mortels) se produisirent chez des membres du personnel soignant de l'hôpital de Jos. Une seconde épidémie hospitalière, toujours à Jos, en janvier-février 1970, fut à l’origine d'une trentaine de cas, de vingt-quatre hospitalisations dont treize débouchèrent sur une issue fatale. En avril 1972, une épidémie fut observée à l'hôpital de Zorzor au Liberia où, après l'admission du cas initial, survinrent dix cas secondaires, dont quatre mortels ; trois mois plus tard, une épidémie fut signalée dans les hôpitaux de Panguma et Tongo, en Sierra Leone. De nouvelles épidémies en milieu hospitalier ont été observées par la suite au Nigeria encore, au Bénin...
Endémicité forte du virus Lassa
Cependant, des enquêtes sérologiques montrèrent que, à côté de ces épidémies hospitalières, des infections bénignes ou inapparentes au virus de Lassa pouvaient aussi exister, des anticorps spécifiques étant décelés chez des villageois examinés en Sierra Leone et dans la région de Jos au Nigeria. Une enquête sérologique réalisée en 1975 sur des missionnaires américains ayant travaillé en Afrique (à forte probabilité de contact avec le virus du fait de leurs fonctions également médicales) démontra l'existence d'anticorps Lassa chez des personnes ayant séjourné dans plusieurs autres pays : Sénégal, Guinée, Gambie, Ghana, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Mali et Zaïre (auj. République démocratique du Congo).
La maladie est considérée comme endémique depuis 1975 en Guinée, au Liberia, en Sierra Leone (forte poussée épidémique en 1996-1997 due à la guerre civile) et dans certaines régions du Nigeria, mais elle est sans doute également présente ailleurs comme au Mozambique. Les autorités se sont alarmées d’un début d’épidémie au Bénin au début du mois de janvier 2018. En combinant plusieurs études rétrospectives couvrant la période 1970-2016, l’OMS estime que 50 % de la population de l’Afrique intertropicale a été en contact avec le virus, qui infecterait entre 300 000 et 500 000 personnes par an, avec un taux de létalité de 1 %, soit environ 5 000 décès annuels (cas sporadiques).
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Écrit par
- Pierre SUREAU : professeur, chef de l'unité de la rage à l'Institut Pasteur, Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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