VIRUS NEUROTROPES
Diagnostic et thérapeutique des affections virales du système nerveux
Diagnostic
D’une façon générale, le diagnostic biologique des atteintes du système nerveux a pour but de déterminer l’étiologie des différents symptômes que le neurologue repère. Le diagnostic de méningite est porté devant un syndrome méningé fébrile. La distinction entre méningites bactériennes et virales, primordiale pour la prise en charge des patients exposés à une infection bactérienne, s’effectue par l’examen du liquide cérébro-spinal après ponction lombaire, qui est d’aspect optique non purulent (translucide, parfois opalescent), et clair dans le cas d’une atteinte virale (méningite à liquide clair). Dans la plupart des cas, le diagnostic virologique repose sur la recherche du génome viral par réaction en chaîne par polymérase (PCR) directe si le virus est à ADN, ou après transcriptase inverse (RT-PCR) si le virus est à ARN (l’ARN viral étant tout d’abord transcrit en ADN). Dans le cas des méningites, on recherche en première intention les entérovirus qui sont responsables de la majorité des cas. Concernant les encéphalites virales, les virus impliqués peuvent également être détectés par PCR dans le liquide cérébro-spinal, mais aussi, dans certains cas, dans des prélèvements périphériques (oropharyngés, de selles). Pour certains virus, des approches « panvirus », qui reconnaissent sans discrimination tous les membres d’une famille de virus, peuvent être utilisées. C’est le cas par exemple de la PCR panflavivirus (reconnaissant la majorité des flavivirus neurotropes). Il existe également différents kits de PCR multiplex commercialisés qui permettent d’effectuer un screen large et rapide de différents pathogènes (viraux, bactériens…) potentiellement impliqués dans des atteintes neurologiques.
Traitements
Pour la plupart des infections neurologiques virales, seul un traitement symptomatique, en l’absence de traitement spécifique, est effectué. Cela tient notamment à la difficulté d’élaborer des traitements pouvant franchir la barrière hémoméningée et atteindre le système nerveux sans effets délétères associés. Le traitement comporte donc généralement au moins un antalgique, tel le paracétamol, ou encore des corrections des troubles hydroélectrolytiques, et des médicaments antiépileptiques si besoin.
Quelques traitements plus précis existent. Ainsi celui de la méningo-encéphalite herpétique est considéré comme une urgence médicale. Il repose sur un antiviral (aciclovir) administré pendant vingt et un jours. Le même traitement est recommandé pour l’encéphalite zostérienne (VZV). En ce qui concerne le syndrome de Guillain-Barré, le traitement est essentiellement immunomodulateur. Dans la majorité des cas, l’évolution est favorable avec récupération en quelques semaines voire quelques mois, mais il existe des cas mettant en jeu le pronostic vital.
Les corticostéroïdes raccourcissent le délai de récupération. Dans le cas de certaines infections virales, ils peuvent donc être utilisés. Ils améliorent, par exemple, clairement le taux de récupération complète de la motricité faciale consécutive à une infection au HSV-1. Cependant, en raison de leur action inhibitrice sur le système immunitaire, les stéroïdes augmentent le risque infectieux. Ils doivent donc être utilisés de manière très ciblée.
Prévention
Un certain nombre de ces infections virales peuvent être prévenues par la vaccination : on peut citer notamment le cas de la rage (maladie mortelle), de la rougeole, de la rubéole ou des oreillons. La vaccination permet en effet de réduire considérablement le risque de méningites ou d’encéphalites associées à ces virus. Dans les zones géographiques à risque épidémique, les vaccins contre l’encéphalite japonaise ou l’encéphalite à tiques peuvent être indiqués. La vaccination massive contre le poliovirus[...]
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Écrit par
- Yannick SIMONIN : virologiste, maître de conférences, université de Montpellier
Classification
Médias
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