USUTU VIRUS
Un cycle impliquant les oiseaux comme réservoirs et les moustiques pour vecteurs
Le cycle naturel de transmission d’USUV implique principalement les oiseaux passériformes (tels les merles) et strigiformes (telles les chouettes) comme hôtes amplificateurs, et les moustiques ornithophiles comme vecteurs. Son cycle d’amplification est ainsi très proche de celui du virus West Nile. Il a été retrouvé chez plusieurs espèces de moustiques à travers le continent africain, principalement dans des pays où des programmes de recherche ont été mis en place (Sénégal, Côte d’Ivoire, Nigeria, Burkina Faso, Ouganda, Kenya) mais aussi, plus récemment, dans le sud de l’Europe (Allemagne, Espagne, Italie, France…). Différents travaux ont démontré l’implication de plusieurs espèces de moustiques dans la persistance du cycle d’Usutu au sein de l’avifaune. Le virus a ainsi été isolé chez les moustiques Aedesalbopictus (moustique tigre), Aedescaspiuis, Anophelesmaculipennis(vecteur du paludisme en Europe du Sud), ainsi que chez différents Culex dont leCulex pipiens(moustique le plus répandu en Europe) qui semble être le vecteur de choix pour USUV en Europe.
Plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs seraient responsables d’introductions multiples d’USUV en Europe. Une fois celui-ci introduit sur un territoire donné, il est probable que des espèces résidentes favorisent sa propagation et son maintien dans une zone géographique donnée. Des études complémentaires sont nécessaires afin d’identifier précisément les réservoirs aviaires (ou autres) de ce virus. Parmi les espèces sensibles à l’infection par Usutu, les merles noirs (Turdus merula) présentent le taux de mortalité le plus élevé. Des troubles nerveux centraux ont été rapportés chez les oiseaux infectés par USUV : la prostration, la désorientation, l’incoordination motrice constituent les symptômes principaux. Une perte de poids est aussi observée. L’autopsie des animaux infectés a fréquemment révélé une hépatomégalie et une splénomégalie. Des lésions histologiques non systématiques ont également été signalées dans le cœur, le foie, les reins, la rate et le cerveau des oiseaux infectés. Les organes étaient généralement congestionnés avec des foyers de nécrose, de gliose (prolifération des cellules de la glie dans le cerveau) et des infiltrats inflammatoires riches en cellules du système immunitaire. USUV peut donc être hautement pathogène pour l’avifaune en raison de sa possible réplication et de sa virulence dans un grand nombre de tissus et d’organes. Il provoque de fait des mortalités aviaires importantes dans différentes régions d’Europe sans que, actuellement, les conséquences de cette mortalité sur la dynamique des populations d’espèces aviaires soient clairement déterminées.
D’autres animaux peuvent être infectés par USUV. Ainsi des anticorps spécifiques d’USUV, signe d’une infection, ont été décelés dans le sérum de chevaux mais aussi chez des sangliers ou des ruminants sauvages, dont le cerf, le daim ou le chevreuil. Ces animaux ne constituent très probablement pas un réservoir pour le virus mais sont plus certainement des hôtes accidentels de l’infection. Les hommes et les chevaux infectés par les moustiques porteurs d’USUV sont sensibles au virus mais considérés, dans l’état des données actuelles, comme des « impasses » épidémiologiques – c’est-à-dire qu’ils ne peuvent pas transmettre le virus à un individu de la même espèce.
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Écrit par
- Yannick SIMONIN : virologiste, maître de conférences, université de Montpellier
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Médias