VIRUS
Virus et médecine
Contre les virus, la médecine est encore largement prophylactique. Elle est en mesure de décrire les modes de contamination pour éviter les actes contaminants et, dans un certain nombre de cas, de prévenir l'infection par des vaccins administrés préventivement ou sitôt reconnue la possibilité d'une contamination. Les médicaments antiviraux sont spécifiques mais peu nombreux.
C'est contre une maladie virale, la variole, que la première vaccination a été réalisée, après que la protection conférée à l'égard du virus de la variole par l'exposition à un virus très proche, infectant fréquemment le pis des vaches, le cow-pox virus, eut été constatée chez les vachers (Jenner, 1796). Le virus de la variole est aussi le seul agent infectieux éradiqué par la médecine (déclaration d'éradication prononcée par l'O.M.S. en 1979). La vaccination des sujets contaminés par le virus de la rage (Pasteur, 1885) et la vaccination préventive contre la poliomyélite (J. F. Enders, T. H. Weller, F. C. Robbins, 1955) sont d'autres étapes historiques pour la santé publique.
Lorsqu'elle ne dispose pas de vaccins, la médecine est, en revanche, plutôt démunie. Ainsi, si le premier agent infectieux éradiqué est un virus, c'est aussi à un virus qu'est due la dernière grande épidémie européenne : l'épidémie de grippe, dite espagnole, de 1918, dont on estime le bilan entre 20 et 40 millions de victimes. Aujourd'hui encore, les drogues antivirales forment une classe thérapeutique remarquablement pauvre. On dispose d'une dizaine de drogues antivirales, des analogues nucléosidiques pour la plupart, c'est-à-dire des nucléosides modifiés qui interfèrent avec la synthèse d'acides nucléiques viraux par l'ADN-polymérase ou la transcriptase inverse. Il ne s'agit pas de virucides, mais de virostatiques, à la toxicité non négligeable et dont l'activité peut se heurter à des résistances virales. Quant à l' interféron alpha, cytokine immunomodulatrice dont on pouvait attendre une stimulation de l'immunité antivirale, ses indications se limitent, pour le moment, aux hépatites virales chroniques, contre lesquelles il fait preuve d'une certaine activité.
Les progrès récents concernent encore la prophylaxie. L'amélioration des techniques de détection sérologique (détection des anticorps antiviraux) et l'introduction de la détection virale directe par PCR (polymerase chain reaction : amplification du génome viral jusqu'au seuil de détectabilité) profitent aux diagnostics, mais permettent aussi d'identifier de manière certaine les modes de contamination et, par conséquent, de faire des recommandations sur les mesures préventives adéquates et d'instaurer le dépistage dans les produits d'origine biologique (outre le VIH et le VHB, le VHC est obligatoirement dépisté lors des transfusions depuis 1988, ainsi que les HTLV I et II, depuis 1989 dans les D.O.M.-T.O.M. et, depuis 1991, en France métropolitaine).
En ce qui concerne les vaccins, le développement industriel des techniques du génie génétique permet la production par recombinaison génétique de peptides d'une part fortement immunogènes, à l'origine, par exemple, du vaccin contre le VHB, d'autre part très purs, ce qui constitue dorénavant une exigence de sécurité. Les premières préparations vaccinales contre la poliomyélite, obtenues à partir de cellules de singes, étaient largement contaminées par le virus SV40. Le virus était inconnu dans les années 1950 ; on le sait aujourd'hui tumorigène dans des cellules non permissives et, heureusement, non infectant chez l'homme. C'est ce type de risque qu'excluent les produits dits recombinants, issus du génie génétique.
En matière de vaccins, encore, les principaux objectifs[...]
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Écrit par
- Vincent BARGOIN : biologiste, journaliste médical
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