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VIṢṆU ou VISHNU ET VICHNOUISME

Les sectes vichnouites

Les principaux traits du vichnouisme se sont maintenus sans grands changements à travers les siècles ; toutefois, sous l'influence des mouvements śakta d'origine shivaïte, s'est développée une tendance à donner de plus en plus d'importance au principe féminin Śrī-Lakṣmī. D'autre part, des différences de détail apparaissent dans les diverses sectes : contamination de cultes locaux qui ont été assimilés mais confèrent par endroits une coloration particulière, ou influence d'un grand réformateur religieux donnant forme à des idées qui, jusqu'à lui, conservaient un certain flou.

Il est probable que ce mécanisme a toujours joué, même à haute époque, ainsi qu'en témoigne par exemple la multiplicité des écoles védiques. Mais, pour les premiers siècles de l'ère chrétienne, on ne sait pas grand-chose sur les particularités locales du vichnouisme ; seuls sont connus quelques grands courants ; il faut attendre le xe siècle pour qu'affluent les témoignages sur la formation de diverses sectes, qui coïncident généralement avec le développement du culte de Śrī.

Rāmānuja, Nimbārka et Madhva

Le groupe religieux où a vécu Rāmānuja (xie-xiie s.) comptait déjà des maîtres réputés, en particulier Yamunācārya. Rāmānuja en fut cependant le véritable réformateur. Bien que vedântin et se réclamant de l'enseignement des upaniṣad, il entreprit, dans ses écrits, de réfuter la doctrine de non-dualité absolue qu'avait enseignée Śaṇkara et qui n'accordait aucune réalité à la création. Rāmānuja, au contraire, défend celle-ci : tout ce qui existe est non différent du Seigneur, mais est aussi réel que lui et trouve en lui son support et sa justification.

Le culte de Śrī s'affirme dans le nom même que portera son groupe religieux ; les śrīvaisṇava sont les fidèles à la fois de Viṣṇu et de Śrī. Les successeurs de ce culte se partagent en deux grandes branches : à l'extrême sud du pays tamoul, les teṅgalai continueront à subordonner la déesse au dieu : elle est le premier des êtres créés ; les vaḍagalai, plus septentrionaux et implantés dans des régions davantage marquées par le shaktisme, accorderont à Śrī une place de plus en plus importante.

Les positions râmânujiennes se sont diffusées vers le Nord, en particulier par l'intermédiaire d'un autre vedântin, Nimbārka, qui se proclamait disciple de Rāmānuja, bien qu'il lui fût postérieur d'environ un siècle. Plus qu'au couple Viṣṇu-Śrī, c'est à l'aspect Kṛṣṇa-Rādhā qu'il voue son adoration. D'autre part, à la bhakti qu'avait prêchée son prédécesseur, il substitue la prapatti, le complet abandon à Dieu, qu'on peut considérer comme un degré de plus dans la confiance du fidèle.

Toujours dans l'orbite vedântine se succèdent plusieurs mouvements vichnouites importants. Au xiiie siècle, Madhva, originaire du pays kannaḍa, y fit école, ainsi qu'au Maisur. Seul parmi tous les grands penseurs de l'Inde, il proclame un dualisme radical : la création est distincte du Seigneur, le monde matériel du monde des âmes. Sur le plan purement religieux, il partage ses adorations entre les deux grands avatāra, Kṛṣṇa et Rāma ; mais à travers ces deux manifestations limitées transparaît la Personne suprême, Viṣṇu, l'Unique.

Rāmānanda, Vallabha, Caitanya et Tulsī Dās

Au début du xve siècle, c'est dans le Nord, à Bénarès, que surgit une grande figure vichnouite, Rāmānanda, issu d'une famille d'origine méridionale. Ses doctrines l'apparentent, semble-t-il, à la tradition râmânujienne. Toutefois, son culte s'adresse à Rāma, non à Kṛṣṇa. Il existait depuis longtemps, dans le sud de l'Inde, une secte consacrée à Rāma, mais, avant Rāmānanda, elle n'avait pas trouvé de véritable[...]

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Écrit par

  • : directeur d'études honoraire à l'École pratique des hautes études (Ve section)

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Vishnu, art de l'Inde - crédits :  Bridgeman Images

Vishnu, art de l'Inde

Statuette de Vishnu, art de l'Inde - crédits :  Bridgeman Images

Statuette de Vishnu, art de l'Inde

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    ... La deuxième des formes majeures de l'advaita est le viśiṣṭādvaita enseigné par Rāmānuja (xiie siècle), populaire chez les adorateurs de Viṣṇu, particulièrement chez les Śrīvaiṣṇava. L'Être suprême sans second n'existe pas seulement à part, isolé du monde illusoire, mais encore il est présent...
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  • ANGKOR

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