VITAL DU FOUR (1260 env.-1327)
Né à Bazas dans la province d'Auch en Gascogne, Jean du Four prit, en entrant dans l'ordre des Frères mineurs, le nom de Vital. Envoyé en 1285 au studium generale de Paris, il commenta les Sentences. Après un temps de régence à l'université, autour de 1292-1294, il gagna Montpellier, où il fut lecteur et où il s'initia à la médecine. Il vint ensuite enseigner à Toulouse et fut élu provincial d'Aquitaine en 1307. Chargé par le pape Clément V de réfuter les thèses de Pierre Olieu, il fut, en 1312, nommé cardinal-prêtre. Son rôle en faveur de l'élection de Jean XXII et son zèle contre les « spirituels » lui valurent d'être nommé cardinal-évêque en 1321. Mais il en vint finalement à s'opposer à Jean XXII sur la question de la pauvreté absolue du Christ et des Apôtres. Il se soumit et mourut à Avignon.
Vital du Four a laissé des sermons, des œuvres polémiques à propos des spirituels et du problème de la pauvreté, des lettres et des consultations sur la Croisade (1323), mais surtout des textes scolastiques, notamment une reportatio sur le livre IV des Sentences, des quodlibeta et des questions disputées, un ouvrage d'exégèse biblique (Speculum morale totius Sacrae Scripturae), sorte de dictionnaire où les notions de l'Ancien et du Nouveau Testament sont interprétées dans un sens mystique avec des aperçus d'ordre médical. Plus douteux quant à leur authenticité sont d'autres commentaires des Sentences, un livre d'exégèse intitulé Postilla in Apocalypsim et un ouvrage de médecine qui ressemble au Speculum morale.
Comme Richard de Mediavilla (mort en 1308) et Guillaume de La Mare (mort en 1285 env.), le cardinal Vital du Four appartient à l'école franciscaine, qui, augustinienne d'inspiration, se distingue du thomisme d'alors. En métaphysique, il nie la distinction réelle entre l'essence et l'existence, celle-ci (l'esse) étant l'essence même dans son rapport avec le cause efficiente. S'il fait de l'âme intellective la forme du corps, il ne la reconnaît pas comme la forme du corps organique en tant que tel et la considère comme moins étroitement unie à celui-ci que l'âme sensitive. Vital s'oppose encore au thomisme en affirmant que l'âme connaît directement l'être singulier, à partir duquel elle forme l'universel, et qu'elle se perçoit elle-même intuitivement, du moins lorsque son impureté morale ne l'en empêche pas. La tradition augustinienne se retrouve dans l'idée de Vital selon laquelle la connaissance, interne ou externe, suppose une illumination divine ; celle-ci, toutefois, ne se conçoit pas comme une impression de Dieu dans l'âme, mais comme une insinuation, un illapsus par lequel celui-ci pénètre l'intellect d'une présence intime, toute différente de l'action qui caractérise l'habitus.
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Écrit par
- Denis COUTAGNE : auteur
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