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VITALISME

Néo-mécanisme et néo-vitalisme

Ernst Haeckel - crédits : Hulton-Deutsch Collection/ Corbis/ Getty Images

Ernst Haeckel

Le poids du modèle des sciences de la nature a généré, depuis les années 1850, une philosophie matérialiste qui deviendra à la fin du xixe siècle, avec Haeckel, le monisme. Dans sa huitième thèse, Haeckel conclura que les lois de la physique et de la chimie s'appliquent aussi bien au monde inorganique qu'au monde organique, qui ne sont donc pas hétérogènes. Dans ces conditions, la vie n'est rien d'autre qu'un phénomène physico-chimique.

Thomas Henry Huxley - crédits : Walery/ Wellcome Collection ; CC BY 4.0

Thomas Henry Huxley

Thomas Henry Huxley suggérait qu'une substance azotée, homogène, semi-fluide, commune à tous les organismes vivants, nommée protoplasme, fût la base physique de la vie. Haeckel considérait alors « la théorie protoplasmique [...] comme une des premières et des plus importantes fondations de la connaissance moniste, c'est-à-dire mécano-causale de la nature organique ». D'autres philosophes et d'autres scientifiques, pourtant considérés comme des tenants de l'hypothèse vitaliste, mais plus conservateurs, n'en déclaraient pas moins en Angleterre, par l'intermédiaire de l'un des plus représentatifs d'entre eux, Lionel Smith Beale (1828-1906), que « les parties élémentaires des tissus de tout être vivant consistent en une substance active, vivante, croissante, la matière germinale et en une matière formée à partir d'elle ». Pour eux, la matière germinale est active, formative, vivante. La matière « formée » (que nous nommons aujourd'hui phénotype) peut avoir une grande gamme de caractères, mais est incapable de croissance, de multiplication, de conversion.

Le débat, on s'en doute, n'était pas limité à Huxley et Beale, ni à l'Angleterre. Un mouvement néo-vitaliste naquit autour de certains biologistes comme Hans Driesch (1867-1941), qui s'insurgea contre la réduction des phénomènes biologiques aux seules lois de la physique-chimie. Driesch, expérimentateur, mais aussi théoricien, réutilisa la notion d'« entéléchie ». Elle est définie comme « l'autonomie des corps vivants, agent réel élémentaire de la nature qui se manifeste en eux ». La théorie de Driesch, ouvertement vitaliste, s'inscrit en opposition à celle d'August Weismann, qui rend compte de la division cellulaire et de la morphogenèse en termes matériels. Driesch évoque l'autonomie des phénomènes vitaux, ce qui lui permet d'affirmer l'indépendance de la vie par rapport aux lois physiques et chimiques : « La vie, au moins morphogénétique, n'est pas un arrangement spécialisé d'événements inorganiques ; la biologie n'est donc pas une physique ou une chimie appliquées : la vie est quelque chose à part, et la biologie est une science indépendante. » Cette autonomie de la vie pourrait être le seul fait d'agents immatériels, non mécaniques, du type aristotélicien, car Driesch croit avoir montré les capacités régulatrices et régénératrices de l'organisme : « ... il y a quelque chose à l'œuvre dans la vie qui porte en soi sa propre fin ».

Il contredit ainsi la nature matérielle des particules héréditaires soutenue par Weismann qui, attaqué par les vitalistes, se déclare cependant en faveur de la génération spontanée.

Parce que vitalisme et spontanisme luttent tous deux contre le réductionnisme en biologie, un espace commun subsiste. August Weismann, partisan d'une conception mécanique de la nature, laisse place à un certain dualisme où se glisse une entité abstraite, des « forces » qui s'unissent à la matière. Cette « force », Weismann ne la considère pas comme l'ancienne force vitale, responsable de l'« animation de l'œuf » au cours de la fécondation, mais plutôt comme une « faculté », « un mouvement de la matière organisée [...] absolument comme le mouvement des planètes [...] unités vitales qui jouissent de l'immortalité[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, Institut Jacques-Monod

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Médias

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