VITRAIL
Le mot « vitrail » a pris peu à peu un sens précis et désigne actuellement une clôture de baie, généralement de fenêtre, faite de verre à vitre découpé suivant une composition décorative ou figurative et assemblée au moyen de plombs. Par ce principe d' assemblage, le vitrail se distingue des clôtures en vitres non découpées (vitrages), des assemblages, au moyen de ciment armé, des verres très épais (dalle de verre), des assemblages de verre collé, superposant plusieurs feuilles en épaisseur (« les gemmaux », verre collé). Il faut pourtant signaler que, dans les plus anciennes œuvres occidentales connues par des vestiges ou des textes, les verres n'étaient pas assemblés par des plombs, mais sertis dans des découpages de stuc, de pierre, de marbre (claustra), voire de bois, technique qui est encore utilisée dans l'art islamique.
Si les clôtures translucides des fenêtres sont d'un usage très ancien, aussi ancien sans doute que l'invention du verre à vitre, c'est en Occident, pendant le Moyen Âge, que ce principe s'est imposé pour créer une des plus importantes expressions d'art, et jouer un rôle essentiel dans le développement de l'architecture et des arts figuratifs, en devenant l'un des domaines privilégiés de la peinture monumentale. Les styles de la Renaissance prolongèrent avec éclat cette évolution, et, s'il subit au cours du xviie et du xviiie siècle une éclipse, le vitrail connut au xixe et au xxe siècle un renouveau certain. Les problèmes qui concernent le vitrail sont de plusieurs ordres : étude des ensembles anciens ; protection et restauration de ces œuvres, fragiles par nature ; place du vitrail dans la création artistique contemporaine.
Technique
Les anciens verres à vitre sont, en principe, soufflés ; ils proviennent de la fusion, à une température se situant entre 1 200 et 1 500 degrés, de silice (sable) mêlée, pour réduire son degré de fusion, au potassium (cendres de bois, par exemple) ou à la soude (sel marin) ; d'autres substances peuvent servir de réducteur (dans la fabrication moderne) ou s'ajouter au mélange pour améliorer ses qualités de résistance, de transparence, de coloration. Dans la technique traditionnelle de fabrication, on distingue les verres produits en plateaux (ou « cives »), pièces rondes venant de l'aplatissement, par une rapide rotation, d'une boule soufflée, et les verres en tables, ou « au manchon » dérivant de cylindres soufflés, coupés et aplatis. On employa aussi dans l'Antiquité et pendant le haut Moyen Âge, dans l'art byzantin et plus rarement en Occident, le verre à vitre coulé à plat ; cette technique fut reprise au xviie siècle et s'imposa depuis pour la fabrication courante du verre à vitre ; son avantage essentiel est la grande égalité de surface et de transparence. Au contraire, les verres soufflés par méthode traditionnelle offrent des inégalités de matière et de couleur qui contribuent à enrichir leur effet. Les verres à vitrail sont colorés dans leur masse, au moment de la fusion de la silice, par l'addition de divers oxydes métalliques. On a pourtant fabriqué aussi des verres « plaqués », faits de la juxtaposition, au moment du soufflage, de plusieurs pellicules de couleurs différentes (généralement blanc et rouge, mais on rencontre parfois d'autres combinaisons) ; cette constitution augmente la translucidité des verres à forte couleur, et permet des travaux de « gravure ». Inventé au xive siècle, ce procédé connut un grand succès au xve siècle et à la Renaissance.
La fabrication du vitrail comporte plusieurs opérations successives. On découpe les verres (au fer rouge ou au diamant) selon un dessin préalablement établi (table de bois au Moyen Âge, puis support souple), et on les assemble pour juger de l'effet ; on procède ensuite à la[...]
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Écrit par
- Catherine BRISAC : docteur de troisième cycle en histoire de l'art, documentaliste chargée du vitrail à la sous-direction des Monuments historiques, conservateur adjoint du musée des Plans-reliefs
- Louis GRODECKI : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
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Médias
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