VITREUSES ROCHES ou VERRES NATURELS
Conditions de gisement et formation
Volcanisme aérien et volcanisme sous-marin
Les verres basaltiques, d'après ce qui précède, ne peuvent manifestement apparaître et subsister qu'à la faveur de circonstances exceptionnelles. Dans le volcanisme aérien, seules les surfaces de coulées et les projections peuvent subir une trempe assez rapide pour demeurer vitreuses. Cette frange de verre ne dépasse guère quelques millimètres ; les seules formations uniquement vitreuses sont donc des pyroclastites assez exceptionnelles dans ce genre de volcanisme. Par ailleurs, ces produits sont très altérables, d'une part en raison de leur composition chimique et de leur structure, d'autre part en raison de leur gisement en amas non cohérents et finement divisés. Par contre, dans le volcanisme sous-marin, le refroidissement par l'eau est beaucoup plus intense. Une partie du liquide basaltique est pulvérisée en gouttelettes plus ou moins mêlées aux sédiments (hyaloclastites). Dans les pillows et à la surface des coulées, la zone vitreuse peut atteindre une dizaine de centimètres, et représenter une fraction notable des produits émis, comme l'ont montré les observations in situ et les carottages profonds. Ces verres basaltiques ont un grand intérêt pétrologique, car ils réprésentent d'excellents témoins des magmas primitifs, non affectés par les ségrégations précoces de phases cristallisées. Cependant, là encore, l'altération de ces verres est assez rapide. Les échanges d'ions avec l'eau de mer (gain de K, perte de Si, Mg, Ca) et l'apparition de minéraux néoformés (argiles, carbonates, zéolites) constituent le phénomène de « palagonitisation », dont on peut suivre le développement progressif au cours du temps, ce qui peut être une mesure du taux d'expansion des dorsales.
Les obsidiennes
Les obsidiennes, par contre, ont une probabilité d'existence beaucoup plus forte. Tout d'abord, lorsque les magmas granitiques arrivent en surface, c'est généralement parce qu'ils sont pauvres en eau et très visqueux ; les coulées d'obsidiennes peuvent former des masses importantes éventuellement associées à des ponces. De plus, leur viscosité très élevée, liée à leur structure en réseau tridimensionnel, empêche pratiquement toute recristallisation malgré la lenteur du refroidissement de ces masses. Enfin, l'altération est beaucoup plus lente, avec surtout élimination des alcalins, et elle est de plus considérablement freinée par le caractère très compact des structures à l'affleurement. On connaît ainsi de très belles coulées d'obsidiennes, en particulier à Lipari, à Pantelleria, au Mexique (rhyolites) ainsi qu'à Vulcano (trachytes) ou aux Canaries (phonolites). Les propriétés particulières de ces roches les ont fait utiliser comme matière première dans les industries lithiques évoluées, et en particulier dans des civilisations historiques comme celles des Aztèques ou des aborigènes australiens.
Les ponces
Les ponces résultent de l'éruption brutale de magmas généralement rhyolitiques ou dacitiques assez riches en fluides dissous. Au cours de la décompression, ces fluides s'individualisent sous forme de bulles qui font expansion et peuvent même faire éclater les parois qui les séparent. Si les fragments divisés sont projetés dans l'atmosphère, ils se consolident en cendres peu cohérentes, rapidement éliminées par érosion. Dans certains cas, ils continuent à être entourés de gaz volcaniques chauds jusqu'au moment de leur dépôt, et peuvent alors se ressouder en raison de leur plasticité (« tufs soudés » ou ignimbrites). Les émissions de ponces constituent un cas intermédiaire, et forment des accumulations d'éléments arrondis de dimension centimétrique à décimétrique. Toutes ces roches acides à dominante vitreuse correspondent à des éruptions de nature catastrophique. Aussi l'étude[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Paul CARRON : professeur de géologie à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest
- Gérard POUPEAU : attaché de recherche au C.N.R.S.
Classification
Autres références
-
GRANITES ET RHYOLITES
- Écrit par Bernard BONIN , Jean-Paul CARRON , Georges PÉDRO et Michel ROBERT
- 8 485 mots
- 16 médias
...millimètres) ; il offre alors une forme bipyramidée et des aspects typiques de corrosion et de croissance irrégulière (quartz « rhyolitique »). Il contient fréquemment des inclusionsvitreuses (reliquats magmatiques), emprisonnées dans des lacunes de croissance au cours de la cristallisation du minéral. -
PYROCLASTIQUES ROCHES ou PYROCLASTITES
- Écrit par Jean-Paul CARRON
- 1 641 mots
Les cendres, poussières, sables (ashes) sont constitués de fragments de lave pulvérisée, trempés sous forme vitreuse, en principe d'une taille inférieure à 4 mm. Leur coloration, très variable, dépend essentiellement de la teneur en fer et du degré d'oxydation. On peut en rapprocher les... -
TECTITES
- Écrit par Paul PELLAS
- 1 656 mots
- 1 média
Les tectites (du grec τηκτ́ος, « fondu ») sont des verres naturels produits par l'impact de gros bolides ( météorites, comètes ?) sur la surface terrestre. Ce sont donc des « impactites », c'est-à-dire des roches transformées en verre sous l'action d'un métamorphisme induit par...