DE SETA VITTORIO (1923-2011)
Documentariste italien né à Palerme en 1923, Vittorio De Seta appartient à une famille de l'aristocratie calabraise. Durant la Seconde Guerre mondiale, il combat dans la marine, et, après l'armistice de 1943, il se refuse à rejoindre les rangs de la République de Salò. Il est alors déporté en Autriche par l'armée allemande. À son retour, il entreprend des études d'architecture tout en se passionnant pour la photographie et le cinéma. Il fait ses premières armes en tant qu'assistant de Mario Chiari pour Amori di mezzo secolo (1953), puis de Jean-Paul Le Chanois pour Le Village magique (1955), tourné à Cefalù, près de Palerme.
De 1954 à 1959, avec la collaboration de son épouse Vera Gherarducci, il réalise une série de dix courts documentaires sur les pêcheurs, les mineurs, les bergers et les paysans de Sicile, de Sardaigne et de Calabre, qui seront regroupés en 2008 sous le titre significatif de Monde perdu. On n'est pas loin, ici, des recherches menées à la fin des années 1940 dans les Pouilles par l'ethnologue Ernesto De Martino. La description de chaque communauté est en effet un moyen de mettre le spectateur en liaison avec des coutumes et des rituels en voie de disparition. Ces films d'une grande beauté se situent dans le sillage des œuvres de Robert Flaherty et Basil Wright. Avec justesse, Martin Scorsese y a reconnu le regard d'« un anthropologue qui parle avec la voix d'un poète ». Sur une thématique voisine, Banditi a Orgosolo (1961), réalisé en Sardaigne, tente un passage à la fiction, tempéré par la leçon du néoréalisme : comme dans La Terra trema de Luchino Visconti, les personnages sont interprétés par des acteurs non professionnels. Les films qui suivent (Un uomo a metà, 1966 ; L'Invitata, 1969) seront accueillis plutôt froidement.
De Seta revient au « regard anthropologique » avec, à la suite d'une commande de la télévision, les quatre épisodes de Diario di un maestro (1973), fondé sur l'autobiographie d'un maître d'école relatant son expérience dans un quartier de la périphérie romaine. De 1970 aux années 2000, il réalise des documentaires sur la Sicile, la Calabre, mais aussi Venise et Hong Kong. Son dernier film, Lettera del Sahara (2006), évoque le destin d'un immigré sénégalais qui aborde aux côtes de l'île de Lampedusa, pointe avancée de l'Europe.
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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