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ROMANCE VIVIANE (1912-1991)

C'est à partir de 1936 que la belle Viviane prit son envol et régna pendant une dizaine d'années sur le cinéma français. Romance s'appelait Ortmans, Viviane se prénommait Pauline et avait vu le jour à Roubaix en 1912. Brune, avenante et savoureuse, elle ne s'éternise ni dans le dessin sur soieries ni dans les maisons de couture parisiennes. Forte de ses charmes physiques, elle se fait élire Miss Paris en 1930. Des concurrentes évincées déclenchent le scandale en révélant que cette Miss est pourtant mère. Le scandale redouble un peu plus tard lorsqu'elle gifle Mistinguett au cours d'une répétition. Cette figurante qui ne se laisse pas faire hante les studios de cinéma où elle se hasarde dans des films tels que La Chienne (J. Renoir, 1931), La Dame de chez Maxim (A. Korda, 1933), Ciboulette (C. Autant-Lara, 1933), bien d'autres encore. On l'entrevoit au début de La Bandera (J. Duvivier, 1935) et le réalisateur la remarque suffisamment pour lui confier le rôle important de la mauvaise fille qui brouille les deux copains de La Belle Équipe (1936). Viviane Romance abat tous ses atouts – sensualité, beauté pulpeuse, aptitude à lancer la réplique, méchanceté qui se dissimule sous une caressante animalité – et triomphe sans réserves. Elle va, pendant quatre ans, se prodiguer dans les rôles de femmes au lourd passé, les espionnes internationales, les aventurières de haut vol, les mauvaises filles. C'est le temps de Mademoiselle Docteur (G. W. Pabst, 1936), L'Étrange Monsieur Victor (J. Grémillon, 1937), Le Puritain (J. Musso, 1937), Naples au baiser de feu (A. Genina, 1937), Le Joueur (L. Daquin, 1938), Prisons de femmes (R. Richebé, 1938), La Maison du Maltais (P. Chenal, 1938), où elle campe une provocante prostituée de Sfax qui se régénère et devient stricte bourgeoise, Angelica (J. Choux, 1939).

Sans doute lassée des stéréotypes de son personnage, et profitant de la pudibonderie de l'ordre nouveau instauré par le maréchal Pétain, elle abandonne l'emploi où elle dispensait charmes et entrain, s'assagit dès Vénus aveugle (A. Gance, 1940), est tout de même choisie pour camper la Carmen de Christian-Jaque (1942-1943) et, malgré un intempestif voyage en Allemagne en 1942, retrouve dès 1945 ses rôles favoris avec LaRoute du bagne (L. Mathot). Elle apparaît éblouissante et très dramatique dans L'Affaire du collier de la reine (M. L'Herbier, 1946) et triomphe dans la trouble composition de Panique (J. Duvivier, 1946), d'après LesFiançailles de M. Hire de Simenon. C'est là son chant du cygne. Ses essais de productrice ne sont pas concluants, et, si elle tourna encore pendant quinze ans, on ne peut guère que rappeler L'Affaire des poisons (H. Decoin) où elle joue, hors tradition, la Voisin, et ses deux apparitions, nimbées de nostalgie, dans Mélodie en sous-sol (H. Verneuil, 1962) et Nada (C. Chabrol, 1973).

— Raymond CHIRAT

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