WESTWOOD VIVIENNE (1941-2022)
Née le 8 avril 1941 à Tintwistle (Royaume-Uni), Vivienne Isabel Swire étudie brièvement la mode au Harrow Art College, puis devient institutrice. En 1962, elle se marie à Derek Westwood et donne naissance à son premier fils. Trois ans plus tard, elle rencontre un passionné de mode et de musique, de cinq ans son cadet, Malcom McLaren, dont elle aura un fils en 1967. Leur collaboration professionnelle débute en 1970 et durera treize ans. L'aventure commune commence par l'ouverture à Londres, au 430 King's Road, d'une boutique caméléon qui se métamorphosera au gré des fantaisies de ses propriétaires. En pleine période hippie, la devanture affiche « Let It Rock » (Soyons rock) et propose des reproductions de vêtements de rockers, des pièces anciennes, ainsi que les premières créations de Vivienne, des tee-shirts ornés d'os de poulet bouillis. Très vite, l'enseigne se transforme, mais la marchandise – des vêtements de bikers (motards) customisés – demeure tout aussi agressive.
En 1975, la dénomination se change en « Sex » et intéresse une autre minorité, celle des voyeurs, des fétichistes, ainsi que tous les proto-punks qui hantent King's Road à la recherche d'oripeaux susceptibles d'horrifier le bourgeois. L'année suivante, alors que McLaren est le manager des Sex Pistols, idoles des punks, le magasin s'intitule « Seditionaries-Clothes for Heroes » (Sédition. Vêtements pour héros). Le décor, une fois de plus, change, et les vêtements reprennent tous les points forts des collections précédentes : le cuir, les chaînes, les badges des bikers, autant que les lanières, les zips et le reste de l'attirail fétichiste. Ainsi se trouve constituée la panoplie des punks, et révélée l'étonnante faculté de Westwood à manier la provocation et la transgression de tabous.
Une héroïne pour la mode
Un changement d'échelle se produit au début des années 1980 : l'activité de Westwood se professionnalise et elle intègre le circuit international de la mode, défilant à Londres, puis à Paris, New York ou Milan. Toujours conseillée par McLaren, qui lui avait suggéré de se tourner vers l'histoire et d'insuffler à la mode plus de romantisme, la créatrice remodèle la boutique pour lui donner un aspect de fin du monde (« World's End ») et y vendre la collection « Pirate », (automne-hiver 1981-1982). Ses vêtements unisexes sont inspirés par les tenues de dandies et de boucaniers, et un modèle de chemise vieux de cinq cents ans s'y trouve réinterprété.
Saison après saison, elle donne libre cours à son extravagance baroque, qui entremêle toutes les sources d'inspiration. En témoignent les collections successives : « Savage » (Sauvage, printemps-été 1982) emprunte à l'ethnique et au primitivisme, « Nostalgia of the Mud » (Nostalgie de la boue, automne-hiver 1982-1983) se remarque par ses couleurs de terre et ses superpositions de matières brutes, quand « Punkature », l'été suivant, combine l'essentiel des modes punk avec la haute couture. Enfin « Britain Must Go Pagan » (Que les Britanniques se fassent païens !) conjugue avec un savant éclectisme le classicisme anglais avec des thèmes pornographiques inspirés de la Grèce antique et de l'imagerie libertine du xviiie siècle. Siècles et styles se télescopent et s'amalgament : c'est l'expression même du post-modernisme.
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Écrit par
- Catherine ORMEN : historienne de la mode
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Autres références
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MCLAREN MALCOM (1946-2010)
- Écrit par John M. CUNNINGHAM et Encyclopædia Universalis
- 377 mots
Impresario de rock et musicien britannique, Malcolm McLaren contribua, en tant que manager haut en couleur et provocateur des Sex Pistols, à la naissance de la culture punk.
Né le 22 janvier 1946, à Londres, Malcolm Robert Andrew McLaren fréquente plusieurs écoles d'art anglaises. Durant ses études,...