POUTINE VLADIMIR (1952- )
Président de la Fédération de Russie (2000-2008 et depuis 2012) et Premier ministre de la Fédération de Russie (1999-2000 ; 2008-2012).
Critiqué à l'Ouest pour sa dérive autoritaire, perçu par ses compatriotes comme celui qui défend les intérêts de la Russie sur la scène internationale, Vladimir Poutine est une illustration du décalage persistant entre les perceptions occidentale et russe.
Un homme de l'ombre
L'homme, né le 7 octobre 1952 à Leningrad (aujourd'hui Saint-Pétersbourg), est pratiquement inconnu lorsqu'il est promu aux fonctions de Premier ministre le 9 août 1999 ; Boris Eltsine, qui a perdu toute légitimité avec la crise financière d'août 1998, cherche alors un chef de gouvernement accepté par la Douma. C'est en effet dans les coulisses que s'est déroulée la courte carrière politique de ce lieutenant-colonel qui n'a démissionné du KGB qu'après le putsch manqué des communistes conservateurs en 1991. Avec la fin de la RDA, il quitte Dresde, où il travaillait au service du renseignement extérieur, pour sa ville natale, Saint-Pétersbourg, où il rejoint l'équipe du maire démocrate Anatoli Sobtchak, devenant son premier adjoint en 1994 et choisissant de démissionner après l'échec, aux élections locales de 1996, de celui qui avait été son professeur à la faculté de droit. Dès mars 1997, il entre dans l'administration présidentielle dont il devient rapidement le responsable adjoint, avant d'être nommé en juillet 1998 directeur du FSB, structure héritière du KGB. Quatre mois après sa promotion au poste de Premier ministre par Boris Eltsine, la démission de ce dernier, le 31 décembre 1999, fait de lui le président par intérim ; l'élection du 26 mars 2000, qu'il remporte dès le premier tour avec 52,9 % des voix, le confirme dans cette fonction.
L'opacité de l'ascension fulgurante d'un modeste serviteur de l'État alimente la rumeur faisant de Vladimir Poutine un homme de paille choisi par les oligarques pour sa loyauté, afin de remplacer un Boris Eltsine devenu très impopulaire à l'issue de son second mandat. En tout état de cause, il prouve cette qualité en signant, dès sa prise de fonction, un décret garantissant l'immunité à celui qui l'a promu. C'est l'impopularité de ce dernier qui permet de comprendre l'engouement pour un président qui apparaît comme le contraire de son prédécesseur : la vigueur sportive de cet homme jeune, son discours d'ordre et de fermeté plaisent à une société dont le revirement est attesté par son soutien à la nouvelle intervention armée en Tchétchénie, lancée à l'automne de 1999 à la suite d'attentats meurtriers attribués aux « terroristes » séparatistes, alors que la première offensive, en 1994, avait fait l'objet de la réprobation populaire.
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Écrit par
- Myriam DÉSERT : professeure émérite en civilisation russe à Sorbonne-université
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