POUTINE VLADIMIR (1952- )
Durcissement à l'intérieur
Lorsqu'en septembre 2011 Vladimir Poutine annonce la permutation des places au sein de la « tandemocratie » et son retour à la tête de l'État, une partie de l'opinion publique est heurtée. Les fraudes électorales aux élections législatives de décembre, abondamment dévoilées sur les réseaux sociaux, précipitent dans la rue des dizaines de milliers de manifestants.
Le 4 mars 2012, Vladimir Poutine est néanmoins élu dès le premier tour avec 64 % des votes. Mais le président est aux abois, comme l'illustre sa traversée d'un Moscou vidé autoritairement de ses habitants, par crainte des manifestations d'hostilité, quand il se rend à la cérémonie d'investiture le 7 mai. Son retour au pouvoir s'accompagne d'une remise au pas, non seulement de l'opposition (lourde condamnation à l'encontre des Pussy Riot pour avoir chanté une « prière punk » anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou, tracasseries contre les principaux leaders de l'opposition, lois restrictives sur la liberté de manifestation et sur le contrôle des médias...), mais aussi de son propre clan (le ministre de la Défense Anatoli Serdioukov est limogé en novembre 2012, à la suite de la révélation d'une grosse affaire de corruption au sein de son administration).
Malgré ces démonstrations de force, Vladimir Poutine aborde son troisième mandat fragilisé. Si les conseillers en image du Kremlin s'appliquent à construire l'icône d'un leader à la fois « monsieur Tout-le-Monde » (qui traverse la Sibérie au volant d'une modeste Lada) et « super-héros » (participant à la lutte contre les incendies aux commandes d’un bombardier d’eau ou remontant d'antiques amphores du fond de la mer Noire), des critiques se font entendre, notamment contre l'absence d’une véritable politique industrielle dans un contexte de stagnation économique. Le nouveau contrat social tacite qui s'était instauré lors de son arrivée au pouvoir (prospérité contre loyauté politique) bat de l'aile, d'autant plus que la chute du cours du pétrole affecte lourdement les finances de l’État, le cours du rouble et le niveau de vie de la population.
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Écrit par
- Myriam DÉSERT : professeure émérite en civilisation russe à Sorbonne-université
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Médias
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