VOIX, physiologie
La communication parlée requiert l'utilisation des organes de la respiration, dans le but d'engendrer des séquences de phénomènes sonores, transitoires, opposables, assemblés dans un tout, suivant certaines règles et dont l'objet est de véhiculer l'expression de la pensée, selon la définition d'Abraham Moles.
Dans la voix parlée, on doit distinguer deux domaines. Celui de l'émission des sons vocaliques, qui nécessite une riche contribution laryngée, d'où sont prélevées des bandes de fréquences privilégiées qui constitueront les formants de la voyelle. L'émission des sons consonantiques est celle de bruits diversement réalisés par l'articulation des organes mobiles sus-glottiques avec les parois fixes du pavillon pharyngo-buccal. Leur mode d'évolution leur confère une valeur sémantique.
Par la qualité acoustique spectrale et temporelle, la voyelle peut être considérée comme l'onde porteuse du message, dont la signification repose plus particulièrement sur la production des consonnes. La première conférerait donc un caractère esthétique au discours (intonation, mélodie), tandis que la seconde dégagerait son contenu sémantique (Abraham Moles).
En fait, la question se pose de savoir quelles sont les composantes du facteur intelligibilité : est-ce dans le mode du transitoire d'attaque des signaux, ou dans leur durée, ou dans une autre dimension ?
Structures anatomiques
Les modifications des structures aux différentes étapes évolutives de la fonction vocale aboutissent avec le larynx humain à réaliser l'organe complexe qui produit les sons de la parole : manifestation d'une amélioration progressive de cette fonction.
Sous quelles influences ces transformations se sont-elles élaborées et à quel déterminisme ont-elles obéi ? Dans la mutation des structures anatomiques qui a finalement donné lieu à la disposition des organes phonateurs de l'Homo sapiens, les facteurs déterminants relèvent avant tout de l'adaptation à un mode de vie particulier, en rapport avec les nécessités de l'environnement : il s'agit de la vie arboricole et de l'acquisition de la station érigée. La station verticale et corrélativement le changement d'affectation de l'appareil locomoteur antérieur entraînent une régression et une diminution notable du volume des maxillaires. La faculté de grimper, qui accompagne cette adaptation nouvelle des membres antérieurs devenus supérieurs, autorise une vie arboricole ; dès lors, l'efficacité du geste de traction nécessite la fixité du point d'attache des membres, c'est-à-dire un blocage de la ceinture scapulaire qui ne peut être obtenu que par une apnée en inspiration.
La rigidité de la cage thoracique exige, en effet, que l'air inspiré soit hermétiquement contenu, c'est-à-dire qu'existe une occlusion glottique totale, grâce à quoi l'émission de sons prolongés et durables devient possible, ce qui donnera naissance au langage humain.
En revanche, si l'expiration peut être maintenue et contrôlée, le débit inspiratoire s'en trouve diminué. L'ouverture glottique maximale demeure moins large que chez les espèces où le larynx n'est pas occlusif. Ainsi, le débit du souffle que nécessite une échappée rapide devant le danger se trouve compensé par la possibilité d'un signal d'appel plus fort et plus continu et d'une fuite rendue possible par l'évasion dans les arbres.
En conséquence de la station érigée que permet la bipédie, les structures anatomiques des résonateurs se modifient. Chez la plupart des quadrupèdes, en effet, l'axe de la tête se trouve en prolongement de l'axe du corps : il s'ensuit que le voile du palais se place au contact de l'épiglotte, et parfois même repose normalement sur sa face postérieure.
Avec la verticalité[...]
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Écrit par
- Jean ABITBOL : oto-rhino-laryngologiste, phoniatre, ancien chef de clinique à la faculté de médecine de Paris
- Bernard VALLANCIEN : oto-rhino-laryngologiste, professeur associé de phoniatrie à l'université de Paris-Sorbonne
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