VOL DES PREMIERS OISEAUX
Les hypothèses sur l'origine du vol chez les oiseaux ont pris un nouveau tournant depuis la découverte en Chine, à partir des années 1990, de petits dinosaures, tels que Microraptor, pourvus de quatre ailes formées par de longues plumes portées par les membres antérieurs et postérieurs. Comment en est-on arrivé ensuite à la conformation des oiseaux modernes, qui ne possèdent qu'une paire d'ailes ?
Un groupe de paléontologues chinois a montré que divers oiseaux archaïques possédaient encore des plumes bien développées aux pattes postérieures, constituant ainsi une transition entre les dinosaures à quatre ailes et les oiseaux plus évolués (X. Zheng et al., « Hind Wings in Basal Birds and the Evolution of Leg Feathers », in Science, vol. 339, pp. 1309-1312, 2013).
Onze spécimens provenant du Crétacé inférieur (environ 130 à 120 millions d'années) du nord-est de la Chine ont ainsi été examinés et ont révélé la présence de longues plumes s'étendant le long du tibiotarse (tibia fusionné avec certains os du tarse – les tarsiens proximaux – chez les oiseaux) et du tarsométatarse (certains os du tarse – les tarsiens distaux – fusionnent avec le métatarse), c'est-à-dire à des niveaux de la patte où chez les oiseaux modernes on trouve en général un plumage réduit (tibiotarse) et des écailles plutôt que des plumes (tarsométatarse). Ces spécimens appartiennent à plusieurs groupes d'oiseaux archaïques (confuciusornithidés, énantiornithes...), ce qui montre que des pattes emplumées étaient fréquentes au début de l'évolution des oiseaux. Les plumes des pattes postérieures, chez ces oiseaux, forment, comme chez les dinosaures planeurs, une surface plane perpendiculaire au tarsométatarse, et devaient avoir un rôle aérodynamique pendant le vol. Elles sont certes plus courtes que chez les dinosaures planeurs, mais elles montrent que des ailes postérieures réduites subsistaient chez les oiseaux les plus archaïques. Il est donc fort possible que ces animaux aient eu un type de vol particulier impliquant encore quatre ailes.
Chez les oiseaux plus modernes, seuls les membres antérieurs ont conservé la fonction d'aile, les membres postérieurs, au plumage réduit et remplacé en partie par des écailles, se « spécialisant » pour la locomotion terrestre. Avec ces découvertes, notre connaissance des étapes de la transition entre dinosaures planeurs et oiseaux de type moderne augmente de façon significative.
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Écrit par
- Eric BUFFETAUT : directeur de recherche émérite au CNRS
Classification
Média