VOLGA
Ancienne frontière de l'Europe, la « Petite Mère Volga » est le berceau de la Russie, qui s'est constituée par la fédération progressive des principautés volgiennes autour du pouvoir moscovite. Grande voie d'échange, creuset des minorités ethniques, la Volga a été bouleversée au xxe siècle par une mise en valeur très prononcée. C'est aujourd'hui une chaîne de lacs artificiels, de centrales hydroélectriques et de grandes villes industrielles, dont la reconversion est en cours. Représentant 8 p. 100 du territoire russe, le bassin de la Volga concentre presque la moitié de la population de ce pays.
Le plus grand fleuve d'Europe
Loin devant le Danube, la Volga est le plus long et le plus abondant fleuve d'Europe. Sa longueur naturelle de 3 690 kilomètres s'est réduite à 3 530 kilomètres depuis que certains segments ont été simplifiés et régularisés par la construction de grands lacs de barrage. Ce tronc fluvial draine un bassin de 1 360 000 km2 (13e rang mondial), dont 507 000 par l'intermédiaire de son grand affluent, la Kama. À Volgograd, le fleuve a un module (débit moyen annuel) de 8 000 m3/s (19e rang mondial). Régulier d'une année à l'autre, le comportement de la Volga est immodéré entre les saisons. Son régime est dit « nival de plaine mitigé » selon la classification française du géographe hydrologue Maurice Pardé, « d'alimentation principalement nivale » selon la typologie russe. Le minimum de débit a lieu en mars, après que l'eau eut été mise en réserve sous forme solide pendant tout l'hiver. Lors du dégel printanier, la montée des eaux est brutale et le maximum est atteint dès le mois de mai. La crue maximale a débité 67 000 m3/s en aval du confluent avec la Kama, ce qui fait à ce sujet de la Volga le cinquième fleuve de la planète. Les inondations printanières sont aggravées par la grande faiblesse de la pente. En été, les débits descendent du fait de l'évaporation, avant de remonter légèrement en automne. Après ce maximum secondaire qui donne au régime son caractère bimodal, la baisse de niveau s'effectue pendant toute la saison froide.
Grâce à sa grande longueur, la Volga est le seul fleuve russe d'Europe qui traverse ainsi toutes les ceintures naturelles, à l'exception de la zone polaire de toundra. En effet, prenant naissance dans la forêt mixte du plateau de Valdaï, la Volga fait d'abord une incursion vers le nord, entrant dans la taïga des sols gris à Rybinsk, avant de descendre vers le sud-est, restant longtemps dans la forêt mixte, jusqu'au-delà de Kazan. Se recourbant vers le sud, la Volga traverse la prairie boisée jusqu'à Samara, puis la steppe des terres noires. En aval de Volgograd, le fleuve entre en milieu semi-aride et cette traversée du désert lui fait perdre beaucoup d'eau avant son embouchure dans la mer Caspienne.
Lien entre ces différents milieux, la Volga fut, dès le Moyen Âge, la grande voie commerciale des Varègues vers le sud. Pour améliorer le réseau hydrographique naturel, le tsar Alexandre Ier fit construire dès 1811 le canal de Tikhvine, unissant un affluent de la Volga à un tributaire du lac Ladoga. Les Russes pouvaient ainsi naviguer de la Baltique à la Caspienne. Staline porta le réseau à grand gabarit et le compléta par l'ouverture du canal joignant la mer Blanche à la Baltique en 1933, puis du canal Volga-Don en 1952. Le système des « cinq mers » (Baltique, Blanche, Caspienne, Azov, Noire) était né. Aujourd'hui encore, le bassin de la Volga représente les deux tiers du trafic fluvial de l'ensemble de la Russie
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Écrit par
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