VOLGA

La Volga inférieure, un ruban de vie dans le désert

En aval de Syzran, les villes se raréfient et la Volga devient agricole. Il est vrai que, jusqu'à Volgograd, les sols sont très fertiles. Pourtant, ce tchernoziom souffre d'un climat sec, si bien que les lacs de barrage de Saratov et Volgograd ne servent pas seulement à produire de l'électricité (respectivement 1 360 000 et 2 540 000 kW de puissance installée), mais aussi à irriguer. Au cœur de la Volga des Terres noires, la ville de Saratov, gros centre d'industries pétrochimique et aéronautique de 850 000 habitants (en 2006), fait face à sa banlieue de rive gauche, Engels (192 000 habitants en 2005), l'ancienne capitale des Allemands de la Volga. À 350 kilomètres en aval, la Volga des Terres noires se termine à Volgograd (Stalingrad de 1925 à 1961). Carrefour naturel entre la région moscovite, l'Oural, la Caspienne, le Caucase, le Don et l'Ukraine, la position géostratégique de Stalingrad lui a valu d'être le siège de la plus grande bataille de tous les temps en 1942-1943. Champ de ruines après la guerre, son paysage actuel, par son urbanisme et son architecture, reste l'exemple le plus abouti de la ville soviétique, où vivent 1 002 500 habitants en 2007, pour une agglomération de 1 470 000 habitants.

De Volgograd à l'embouchure, la steppe se transforme en un semi-désert et les précipitations déclinent de 300 à 200 millimètres par an d'amont en aval. Le fleuve, ourlé de cultures irriguées, apparaît comme une oasis linéaire produisant des tomates et autres légumes. En revanche, les tentatives d'amener dans l'ensemble de la plaine Caspienne l'eau de la Volga ont échoué et salinisé les sols, si bien que la République kalmouke reste un ensemble semi-aride, en dehors du fleuve lui-même. Cinq cents kilomètres en aval de Volgograd, le fleuve se divise en plusieurs dizaines de bras, pour construire un vaste delta dans la Caspienne. C'est à l'apex du delta qu'est construite la ville d'Astrakhan. Capitale d'un khanat tatare, la cité fut prise par Ivan le Terrible en 1556, parachevant, quatre ans après la victoire de Kazan, la conquête de l'ensemble de la Volga par les Russes. Mondialement connue par ses deux activités de luxe, la fourrure et le caviar, la fonction principale de la ville réside aujourd'hui dans ses industries dérivées de l'exploitation du gaz naturel par une filiale de Gazprom. En 2005, la population d'Astrakhan était de 501 000 habitants.

Les préoccupations écologiques prennent maintenant le pas dans le delta de la Volga, dont une partie est classée en réserve. Mais c'est surtout la chaîne de lacs de barrage situés plus en amont, ne pouvant épurer les rejets que déversent des grandes villes industrielles, qui soucie les autorités. C'est dans ce but que fut créé en 1990 le Parlement écologique du bassin de la Volga et de la Caspienne du nord, précurseur du Programme fédéral « Renaissance de la Volga » décrété en 1994. Les réflexions menées actuellement sur le développement durable de cette région en découlent.