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VOÛTE, architecture

On ne saurait en quelques lignes retracer l'histoire de la voûte, ni même suggérer les multiples emplois et formes de voûte dont l'architecture a tiré parti, à la fois du point de vue technique et du point de vue de la composition. L'emploi de la voûte pourrait presque servir de fil directeur pour classer les grandes orientations de l'histoire architecturale, car on peut opposer les architectures de la voûte (romaine, médiévale) et les architectures de la plate-bande (égyptienne, grecque).

La voûte naît au Proche-Orient au ~ IIe millénaire dans les constructions en brique des palais babyloniens et assyriens. Les Grecs l'ont connue, mais n'en ont pas généralisé l'emploi, car le problème des poussées lié à la pratique de la voûte compliquait le système des pesées verticales uniquement envisagé par les architectes grecs. Ils ont donc réduit l'emploi de la voûte aux édifices qui ne posaient pas de problème de poussées, c'est-à-dire les constructions souterraines ou comprises dans une grosse masse de maçonnerie. C'est ainsi que les passages voûtés, les salles voûtées, toujours en plein cintre et appareillées, furent réservées aux tombeaux, aux salles funéraires, aux portes de rempart ou de théâtre. Un des plus beaux exemples de ces portes voûtées enserrées dans les parois naturelles du terrain a été révélé par les fouilles de Vélia, en Italie centrale : la Porta rosa (~ ive s.). Les architectures de Pergame au ~ iie siècle mettent en œuvre des voûtes d'arêtes en rapport avec des structures plus complexes provoquées par la rencontre de plusieurs galeries voûtées perpendiculaires les unes aux autres.

C'est avec l'architecture romaine que la voûte transforme les conditions mêmes de la composition architecturale par l'introduction d'une nouvelle technique. Aux voûtes appareillées, avec voussoirs et clés de voûte, que les Grecs avaient utilisées après avoir renoncé à la voûte par encorbellement qu'ils pratiquèrent à la suite des Mycéniens (tombes à tholos de Mycènes), se substitua la technique du béton coulé sur cintre. Dès lors toutes les possibilités étaient ouvertes, et nous voyons la voûte, puis la coupole se répandre dans tous les domaines de l'architecture romaine. Puis les architectes byzantins, romans et gothiques ont fait de la voûte le principe presque unique de leurs vastes compositions, car elle seule permettait la couverture des immenses vaisseaux des basiliques et des cathédrales que les limites de la plate-bande n'auraient pu supporter.

Nef de Notre-Dame-la-Grande, Poitiers - crédits :  Bridgeman Images

Nef de Notre-Dame-la-Grande, Poitiers

Notre-Dame de Paris, les voûtes - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Notre-Dame de Paris, les voûtes

— Roland MARTIN

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Nef de Notre-Dame-la-Grande, Poitiers - crédits :  Bridgeman Images

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Notre-Dame de Paris, les voûtes

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