VOYAGEURS CHINOIS
Le plus ancien voyageur chinois connu est Zhang Qian dont les pérégrinations ont duré douze ans. Envoyé en ~ 138 par l'empereur Han Wudi pour contracter alliance avec les Yuezhi du nord de l'Oxus, contre les Xiongnu, il visita le Ferghana et la Sogdiane. Il rapporta de son voyage la connaissance d'un « Occident » peuplé et riche, et indiqua les routes qu'il avait empruntées pour y parvenir, à travers l'Asie centrale : il décrivit ainsi la route qui passe au sud du Yangzijiang par la Chine du Sud-Ouest et l'Inde. Ses récits exercèrent une influence considérable sur les voyages postérieurs.
Pour mieux assurer le contrôle des routes d'Occident, les Chinois résolurent en ~ 73 d'occuper militairement le Turkestan oriental. En même temps qu'elle poursuivait sa politique d'expansion vers l'ouest, la Chine s'étendit aussi vers le sud. En 245, à l'époque des Trois Royaumes, Kang Tai et Zhu Ying visitèrent le royaume du Funan, situé sur les rives du bas Mékong, et qui est connu essentiellement par les récits des visiteurs chinois qui lui ont donné son nom.
Entre le ive et le xie siècle, des pèlerins bouddhistes chinois se rendirent fréquemment en Inde, empruntant, selon les vicissitudes politiques, la voie terrestre ou la voie maritime. La première passe par le Gansu, puis le sud du Lob-nor jusqu'à Khotan, traverse le Pamir par les vallées de Yassin et de Gilgit pour aboutir à l'Indus. La seconde part de Canton, passe par Java, Sumatra, la côte occidentale de la péninsule de Malacca, pour arriver dans le delta du Gange, au port de Tamralipti. Ces itinéraires ont d'ailleurs varié au cours du temps.
Les plus célèbres de ces pèlerins ont été Faxian (mil. ive s.-414), parti par l'Asie centrale et revenu par la mer, et Xuanzang qui, entre 629 et 645, parcourut toute l'Inde et en rapporta ses célèbres Mémoires sur les contrées occidentales, qui au xvie siècle sont devenus sous forme romancée le Xiyou ji (titre français : Le Singe pèlerin). Ces mémoires donnent de nombreux renseignements sur l'histoire et la géographie des Indes au viie siècle. Bien d'autres pèlerins se sont succédé jusqu'à l'arrivée des musulmans en Inde du Nord au début du xie siècle.
Les marchands sont aussi une source d'informations sur les voyages. À la fin du viiie siècle, le géographe Jia Dan (730-805) a recueilli auprès d'eux des éléments pour établir les huit itinéraires qui sortaient de l'Empire pour s'enfoncer vers les différentes parties de l'Asie. L'une de ces routes allait par mer de Canton à Bagdad. Au xiiie siècle, Zhao Rugua, inspecteur du commerce maritime au Fujian, obtint des marchands qui faisaient des affaires avec l'Asie du Sud-Est des renseignements dignes de foi lui permettant d'écrire son Traité sur les peuples étrangers (Zhufanzhi) ; celui-ci complète heureusement ceux des auteurs arabes.
L'histoire officielle de la dynastie Tang (618-907) a conservé deux fragments de rapports des commissaires impériaux sur la Dzoungarie, le Turkestan et les principautés qui en dépendaient. Sous les Song (960-1279), les tribus kitan puis jurchen s'emparent du nord de la Chine. Les régions d'origine de ces peuples nous sont connues grâce aux récits de cinq voyageurs : Hu Jiao, Wang Yi, Fu Zheng et Song Huan ont donné des informations sur les Kitan, et Xu Kangzong sur les Jurchen. D'autre part, le Kitan Yelü Chucai, ministre de Gengis khān, a décrit en chinois l'itinéraire qu'il parcourut en 1218 et 1219 à la suite du grand conquérant, depuis le nord de la province du Shānxi jusqu'à Samarkand et Boukhara. Entre 1221 et 1223, Changchun se rendit dans l'Hindou-Kouch et son disciple Li Zhichang a recueilli les impressions de ce voyage dans le Changchun zhenren xiyoulu (Notes sur un[...]
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Écrit par
- Brigitte de BEER : licenciée en histoire et géographie, licenciée en chinois
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