MEYERHOLD VSEVOLOD EMILIEVITCH (1874-1940)
Une activité multidirectionnelle
Congédié par Komissarjevskaïa déçue par ses échecs d'actrice, Meyerhold est nommé aux Théâtres impériaux (1908-1918). « Acteur idéal », selon Eisenstein qui sera son élève en 1922, il interprète là son dernier rôle, mais continuera d'assouvir son désir de jouer en utilisant la démonstration pour diriger ses comédiens. Disposant de grands moyens, il crée avec le décorateur Alexandre Golovine, son alter ego, de somptueux spectacles. Sa méthode du « traditionalisme théâtral » n'est ni nostalgique, ni restauratrice : pour Dom Juan de Molière (1910), il étudie, réinterprète et synthétise le style d'une époque et d'un auteur à l'aide d'éléments issus des grandes traditions théâtrales, italiennes et orientales – proscenium, masque, kurombo (personnage emprunté au Kabuki). Pour monter Tristan et Isolde (1909), il réfléchit à la notion d'œuvre d'art totale en lisant Appia et tout Wagner ; il signe alors une des premières mises en scène d'opéra modernes où le chanteur-danseur développe une pantomime plastique en relation avec la musique. Orphée de Gluck (1911) réalise l'union harmonieuse de tous les arts. C'est là pour Meyerhold une période d'activité multidirectionnelle. La recherche sur les genres classiques, dramatique et lyrique, se double d'un intérêt pour les genres mineurs – cirque, cabaret (L'Écharpe de Colombine, pantomime d'après Schnitzler, 1910) –, ou nouveaux, comme le cinéma (Le Portrait de Dorian Gray, 1915 ; Un homme fort, 1916). À Paris, il monte au Châtelet, avec Bakst et Fokine, La Pisanella de D'Annunzio (1913).
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Écrit par
- Béatrice PICON-VALLIN : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du Laboratoire de recherche sur les arts du spectacle
Classification
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