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MEYERHOLD VSEVOLOD EMILIEVITCH (1874-1940)

Le grotesque

Parallèlement, sous le pseudonyme hoffmannien de « Docteur Dapertutto », Meyerhold ouvre son propre Studio (1913-1917). À la différence de celui où Stanislavski s'intéresse depuis 1912 à la mémoire affective, il plonge ses élèves au cœur de la mémoire du théâtre (recherches théoriques et pratiques sur la commedia dell'arte) et œuvre à la formation d'un acteur polyvalent, jongleur et musicien, travail que décrit la revue du Studio, L'Amour des trois oranges, dont une des livraisons donne une adaptation russe de ce conte de Gozzi. Dans la troisième partie de Du Théâtre (1913), Meyerhold fait l'apologie du « théâtre de foire » et avance le concept de grotesque, qui s'organise à partir des traits suivants : théâtralité synthétique, structurée autour des principes de contraste, fragmentation, glissement du familier à l'étrange, dissonance, capable de reconsidérer les rapports entre tous les arts convoqués à la scène et d'engendrer un regard nouveau sur le quotidien. Le comédien se construit un corps artificiel, organisé dans le temps et l'espace par la pensée, la culture plastique et musicale. « L'art du théâtre retrouve l'art de la forme qu'il avait perdu » affirme Meyerhold, qui soutient après Pouchkine que son essence exclut la vraisemblance.

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du Laboratoire de recherche sur les arts du spectacle

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