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IVANOV VSEVOLOD VIATCHESLAVOVITCH (1892 env.-1963)

Le nom de Vselovod Ivanov est resté attaché à ses récits héroïques de 1921, les Histoires de partisans, tableaux de la guerre civile en Sibérie. Pour avoir été typographe, vagabond et ... fakir, Ivanov s'est pénétré d'une culture populaire hétéroclite (mythes kirghizes, littérature romanesque et répertoire du cirque) complétée par la révélation poétique du futurisme et, ultérieurement, par l'expérience de la révolution et de la guerre. Établi en Russie à partir de 1921, il fit partie des « Compagnons de route » et du groupe des « Frères Sérapion ». Son succès fut d'abord assuré par l'originalité de sa prose, qualifiée « d'ornementale », qui mêle notations ethnographiques, connexion des objets et de leurs métaphores, exaltation lyrique ou épique du narrateur et confusion systématique des registres (Les Vents colorés, Le Retour du Bouddha, 1923). Les années de la N.E.P. furent pour lui une période de recherches esthétiques menées dans l'agitation de la vie culturelle, parmi plusieurs crises personnelles. Ivanov aborda alors les genres les plus divers, depuis le conte de style populaire et la sotie (Fokin, 1924) jusqu'au thème de la reconstruction de l'U.R.S.S. (Xabu) et au répertoire des mythes contemporains (L'Ypérite, roman de science-fiction écrit avec V. Chklovski). Mais surtout il élabora, avec le cycle du Mystère des mystères (1927), une théorie originale de la psyché dans laquelle se manifestent des pulsions qui ne trouvent pas en elles-mêmes leur propre cause : les mécanismes freudiens illustrés ici sont conçus comme des conduites métaphoriques auxquelles recourt l'homme quand une situation nouvelle le laisse sans réponse verbale. Un roman de 1929 (Le Kremlin) prolongea toutes ces recherches jusqu'au démembrement du genre et de la structure syntaxique. À partir du « grand tournant » de 1929 Ivanov entreprit de créer dans ses œuvres un ensemble de conventions nouvelles pour une littérature soviétique encore mal définie. Mais sa volonté de montrer l'édification soviétique sur le mode burlesque (Les Récits de Sinitsyne) et sa défense et illustration d'un baroque moderne (Y et les aventures du fakir) suscitèrent la désapprobation de la critique officielle. Après le premier Congrès des écrivains soviétiques (1934), Ivanov, muré dans la gloire de ses premiers écrits, fut de moins en moins publié et ne parurent de lui que des rééditions remises au goût du jour ou des œuvres de commande (Parxomenko, 1938, à la gloire de Vorochilov). Néanmoins il consacra ses trente années à des œuvres qui ne furent connues que plus tard : des contes où il défendait contre la norme du réalisme socialiste la primauté de l'imaginaire (Le Faucon, 1942), des récits fantastiques (Agasphère) et des allégories ou des écrits dans lesquels il critique le stalinisme (Sisyphe, La Relique d'Édesse, Le Volcan) en opposant à l'impératif politique une morale provisoire.

— Charles BOURG

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