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WAGNÉRISME

L’émerveillement de Baudelaire

Charles Baudelaire fut le premier et reste le plus illustre représentant du wagnérisme littéraire français. S'avouant lui-même de sensibilité visuelle, et non pas auditive, il se trouva cependant subjugué par le concert orchestral qui fut l'objet du célèbre compte rendu de Berlioz et que Wagner donna en janvier 1860 au Théâtre-Italien à Paris. Un mois plus tard, il envoya à Wagner, qui en fut enthousiasmé, une lettre extraordinaire, où on lit : « D'abord, il m'a semblé que je connaissais cette musique, et plus tard, en y réfléchissant, j'ai compris d'où venait ce mirage ; il me semblait que cette musique était la mienne, et je la reconnaissais comme tout homme reconnaît les choses qu'il est destiné à aimer. » Et, plus loin : « J'ai éprouvé souvent un sentiment d'une nature assez bizarre, c'est l'orgueil et la jouissance de comprendre, de me laisser pénétrer, envahir, volupté vraiment sensuelle, et qui ressemble à celle de monter dans l'air ou de rouler sur la mer. Et la musique en même temps respirait quelquefois l'orgueil de la vie. » Enfin : « Une fois encore, Monsieur, je vous remercie ; vous m'avez rappelé à moi-même et au grand, dans de mauvaises heures. » Puis, en avril 1861, il publia une plaquette moins profondément spontanée, en défense de Tannhäuser. Mais Wagner se trouvait désormais associé pour une longue période à la poésie moderne française. En 1887, Stéphane Mallarmé publiait un sonnet titré Hommage, dont le dernier tercet est :

« Trompettes tout haut d'or pâmé sur les vélins / Le dieu Richard Wagner irradiant un sacre / Mal tu par l'encre même en sanglots sibyllins. »

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Média

Tristan et Iseult - crédits : AKG-images

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