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WAHOU ! (B. Podalydès)

Le cinéma français comporte une solide tradition de films franchement comiques (comme ceux de Louis de Funès) plutôt que de comédies, à la différence de l’Italie ou des États-Unis, par exemple. Toutefois, Bruno Podalydès s’est fait, depuis les années 1990, l’artisan malicieux mais toujours ému de ce genre, dont l’objectif consiste davantage à divertir qu’à faire vraiment rire, par la peinture humoristique des caractères, des situations et des mœurs de son temps. Sa cible favorite est le Français moyen, observé – pourrait-on dire paradoxalement – dans toute sa diversité. Dans Wahou !, sorti en 2023, ce personnage aux multiples visages est décrit cette fois dans son quotidien professionnel plutôt que sentimental.

Au cœur d’une agence immobilière

<em>Wahou !</em>, B. Podalydès - crédits : Anne-Francoise Brillot/ Why Not Productions/ UGC Distribution

Wahou !, B. Podalydès

Le logement constituant, d’après les sondages, la première préoccupation et la part la plus importante du budget des familles françaises, Bruno Podalydès s’attache dans Wahou ! au fonctionnement d’une agence immobilière, microcosme riche de potentialités déclinées selon la figure récurrente du duo. En effet, on achète ou vend généralement en couple, et si l’agent immobilier agit seul, il fait néanmoins couple, lui aussi, d’un point de vue cinématographique, puisqu’évoluent deux collègues qui constituent les véritables piliers de leur commerce : Oracio, campé par Bruno Podalydès lui-même, et Catherine, dont le rôle est interprété par Karin Viard. L’amusant de l’histoire réside dans le fait que le nom même de leur agence – Wahou ! – représente en fait leur seule technique de vente : il s’agit d’obtenir cette exclamation du client dès la découverte du « bien d’exception » présenté, et c’est alors gagné.

On est dans la banlieue ouest de Paris, et plus précisément dans les Yvelines, dont on ne verra que deux lieux à l’achat, fort emblématiques : une vaste et vieille demeure pleine de charme, mais qui se révèlera secouée par le passage du train en fond de jardin, ce qui prouve, à en croire l’agence, que « la situation est idéale, tout près de la gare », et un appartement neuf en finition, situé au cœur d’un plus qu’improbable « triangle d’or » de Bougival, possédant en outre, cerise sur le gâteau, « un superbe dressing parental » – à savoir un simple placard dans la chambre principale. On voit que l’on se paye de mots savoureux ; toutefois, Bruno Podalydès n’en abuse pas, à l’image de son couple de vendeurs, le principal étant de placer chacun des deux biens à bon escient dans l’esprit de l’acheteur autant qu’au meilleur moment du récit.

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

Média

<em>Wahou !</em>, B. Podalydès - crédits : Anne-Francoise Brillot/ Why Not Productions/ UGC Distribution

Wahou !, B. Podalydès