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ROCHET WALDECK (1905-1983)

Le crâne chauve et bosselé, le visage massif et taillé comme à coups de serpe, l'allure d'un personnage de Tourgueniev, l'éloquence lente marquée de l'accent rocailleux du terroir bourguignon, Waldeck Rochet, secrétaire général du Parti communiste français de 1964 à 1972, puis président d'honneur jusqu'en 1979, apparaît comme une personnalité marquante de l'histoire duP.C.F., qu'il contribuera à faire sortir de l'ère stalinienne en pratiquant une politique d'ouverture. Présenté par Annie Kriegel dans son livre Les Communistes français comme « un homme aussi incapable de faire de très grosses erreurs que d'imaginer une démarche vraiment inédite », ce militant étranger à tout sectarisme, cet autodidacte à l'intelligence agile fraya la voie à l'entente avec les socialistes et n'hésita pas à émettre certaines critiques à l'égard de la politique de l'Union soviétique.

Il naît le 5 avril 1905 dans la Bresse, au village de Sainte-Croix. Son père, ouvrier sabotier, est un homme de gauche, fervent laïc et bon républicain (d'où le prénom qu'il donne à son fils, en hommage à Waldeck-Rousseau), et qui éprouve une profonde admiration pour Jaurès. Petit berger dans son enfance puis ouvrier maraîcher dans les environs de Louhans, bourgade de la Saône-et-Loire, le jeune Waldeck lit avec passion L'Humanité et s'enflamme pour les idées qu'y exprime Marcel Cachin. En 1924, quatre ans après le congrès de Tours, il adhère, à l'âge de dix-neuf ans, au Parti communiste, dont il devient un militant actif. En 1931, on lui propose d'aller recevoir à Moscou la formation spéciale dispensée aux futurs cadres du Parti. À son retour, il est « permanent » et occupe le poste de secrétaire de la fédération lyonnaise.

Au moment où le Parti, sous l'impulsion de Renaud Jean et de Maurice Thorez, décide de s'intéresser au monde agricole, l'ancien petit berger est désigné comme secrétaire de la section agraire et se voit confier la direction du journal La Terre, organe paysan du Parti. Mais, bien que spécialiste des questions paysannes, il sera candidat et élu aux élections du Front populaire, dans la circonscription de Nanterre, au cœur de la « ceinture rouge » qui entoure la capitale, après avoir été nommé suppléant du comité central lors du VIIIe congrès. La guerre fera de lui l'un des « Vingt-sept du chemin de l'honneur », c'est-à-dire l'un des députés communistes qui seront arrêtés en 1939 pour avoir refusé de condamner le Pacte germano-soviétique. Condamné à cinq ans de prison, il est interné à Maison Carrée, en Algérie, et sera libéré après le débarquement des Alliés en Afrique du Nord, à la fin de 1942. Il milite au sein de la France combattante et remplace à Londres, en tant que représentant du comité central auprès du C.F.L.N., Fernand Grenier, qui sera nommé commissaire à l'air par le général de Gaulle. À la Libération, il siège à l'Assemblée consultative puis aux deux Constituantes comme député de la Saône-et-Loire, mandat qu'il conservera jusqu'en 1958. Il préside, en 1946 et 1947, la commission de l'agriculture au Palais-Bourbon. Dans le même temps, il gravit de nombreux échelons dans la hiérarchie du Parti. Membre titulaire du comité central en 1945, il entre au bureau politique et entame une ascension lente mais continue qui fera de lui l'homme de confiance puis le dauphin de Maurice Thorez. C'est ainsi qu'il sera chargé de présenter au comité central un certain nombre de rapports sur les sujets les plus divers. 1956 marque une étape importante dans sa progression vers le sommet. Après le XXe congrès du Parti communiste soviétique, celui de la déstalinisation, auquel ont assisté Maurice Thorez, Jacques Duclos et Marcel Servin,[...]

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  • PCF (Parti communiste français)

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    ...rhétoriques de l'édifice doctrinal de l'époque stalinienne et par la recherche de règles nouvelles de fonctionnement interne. Principalement conduite par Waldeck Rochet (secrétaire général du PCF de 1964 à 1969) puis par Georges Marchais (1969-1994), cette politique de renouvellement s'effectue dans...