RIEGGER WALLINGFORD (1885-1961)
Wallingford Riegger est un des premiers compositeurs américains à avoir adopté la technique dodécaphonique ainsi que des procédés sériels. Avec Charles Ives, Edgar Varèse, Carl Ruggles, Henry Cowell et George Antheil, il appartient à la première génération de l'avant-garde musicale américaine. Son catalogue rassemble des œuvres pour orchestre, des pièces de musique de chambre, des musiques de ballet, des études pédagogiques et de très nombreux arrangements de folksongs, de carols et d'anthems.
Wallingford Constantin Riegger naît le 29 avril 1885 à Albany (Georgie) et grandit à Indianapolis (Indiana). Sa famille s'établit à New York alors qu'il a quinze ans. À l'Institute of Musical Art (aujourd'hui la Juilliard School of Music) de New York, il étudie le violoncelle avec Alwin Schröder, la composition et la théorie avec Percy Goetschius ; après avoir obtenu son diplôme en 1907, il approfondit ses connaissances en Allemagne, à la Hochschule für Musik de Berlin, où il se perfectionne en composition auprès de Edgar Stillman-Kelley.
Après avoir dirigé en Allemagne jusqu'en 1917, Riegger rentre aux États-Unis pour enseigner à l'université Drake de Des Moines (Iowa) de 1919 à 1922. Les œuvres qu'il compose alors sont encore très conventionnelles, ne reniant pas le néo-classicisme ; certaines sont récompensées par des prix, comme son Trio avec piano opus 1, qui obtient le prix Paderewski en 1922. À partir de 1924, Riegger enseigne à New York. Il remporte la même année le prix Elizabeth Sprague-Coolidge pour La Belle Dame sans merci, sur la ballade de Keats, pour quatre voix et orchestre de chambre. Avec Study in Sonority (1927), pour 10 violons, ou tout multiple de 10 violons, il change radicalement de manière et s'oriente vers un style dissonant ; dans cette pièce, un accord joue le rôle de tonique, un autre celui de dominante. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Cowell, de Varèse et de Carlos Salzédo. Avec Dichotomy, pour orchestre de chambre, créé à Berlin le 10 mars 1932 sous la direction de Nicolas Slonimsky, Riegger s'affirme comme l'un des protagonistes de l'avant-garde américaine : il emploie dans cette pièce deux séries (d'où le titre de l'œuvre), l'une de onze notes, l'autre de treize. Les années 1930 sont principalement consacrées à la musique de ballet, notamment pour Martha Graham (Bacchanale, 1931 ; Frenetic Rhythms, 1933 ; Chronicle, 1936), Doris Humphrey (New Dance, 1935 ; With my Red Fires, 1936) et Hanya Holm (Four Chromatic Eccentricities, 1936 ; Festive Rhythm, 1937).
Riegger revient ensuite à la musique « pure », avec le Premier Quatuor à cordes (1939), Canon and Fugue (1942), Passacaglia and Fugue (1942), New and Old : 12 Pieces for Piano (1944). Son utilisation libre de la technique dodécaphonique, expressive et lyrique, est très avancée sur le plan technique. Avec sa Troisième Symphony (1948), mêlant écritures conventionnelle et dodécaphonique, Riegger retient l'attention du monde musical ; Hermann Scherchen fait connaître en Europe la musique de Riegger. Ses sympathies pour le communisme lui valent de comparaître en 1957 devant la Commission sur les activités anti-américaines du sénateur McCarthy. Ses dernières œuvres, comme Variations, pour violon et orchestre (1959), ou Quintuple Jazz, pour orchestre (1959), intègrent du matériel expérimental à des éléments plus traditionnels. Wallingford Riegger meurt le 2 avril 1961 à New York.
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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