BERRY WALTER (1929-2000)
Figure emblématique du chant viennois, l'Autrichien Walter Berry est l'un des plus grands barytons-basses mozartiens de la seconde moitié du xxe siècle. Il voit le jour à Vienne le 8 avril 1929 et envisage d'abord une carrière d'ingénieur avant d'entamer en 1946 des études de chant à l'Académie de musique de sa ville natale, où il travaille avec les ténors Hermann Gallos et Josef Witt, la basse Endre Koréh et le baryton Hans Duhan.
En 1950, il entre dans la troupe de l'Opéra de Vienne, qu'il ne quittera jamais, participant sur cette scène à près de 1 300 représentations dans une centaine de rôles différents. Il y remporte son premier grand succès en 1954, dans le rôle-titre des Noces de Figaro de Mozart. En 1953, il se produit pour la première fois au festival de Salzbourg, où il chante Masetto (Don Giovanni de Mozart) sous la direction de Wilhelm Furtwängler et participe à la création mondiale de Der Prozess de Gottfried von Einem, prélude à une série de premières auditions importantes où l'on relève notamment, à Salzbourg, Penelope de Rolf Liebermann (1954), Irische Legende de Werner Egk (1955) et Julietta de Heimo Erbse (1959). On le voit souvent sur scène en compagnie de sa première femme, la mezzo-soprano Christa Ludwig, qu'il épouse en 1957 et dont il divorcera en 1970. Il est invité par les plus grandes maisons d'opéra allemandes et fait ses débuts américains au Lyric Opera de Chicago en 1957, dans Figaro (Les Noces de Figaro de Mozart). Un an plus tard, il chante Papageno au festival d'Aix-en-Provence. En 1961, il incarne Scarpia (Tosca de Puccini) à l'Opéra de Nice et débute à la Städtische Oper de Berlin-Ouest. En 1963, le gouvernement autrichien lui décerne le titre honorifique de Kammersänger („chanteur de la cour“). Les Parisiens le découvrent en janvier 1966 au palais Garnier, dans le rôle-titre de Wozzeck d'Alban Berg dirigé par Pierre Boulez. Il se produit pour la première fois au Metropolitan Opera de New York en octobre 1966, dans le rôle de Barak (La Femme sans ombre de Richard Strauss), qu'il chante à l'Opéra de Paris en 1972 et 1980 et pour ses débuts à Covent Garden en 1976. Il participe en 1976 à la création de Kabale und Liebe de von Einem à l'Opéra de Vienne (rôle de Miller). Son répertoire s'élargit aux ouvrages wagnériens : il incarne Telramund dans Lohengrin, Kurwenal dans Tristan et Isolde, Alberich et Gunther dans le Ring et, surtout, Wotan dans La Walkyrie, où il manifeste une présence et une puissance étonnantes. Dans Le Chevalier à la rose de Richard Strauss, il incarne un Baron Ochs dont l'élégance surprend chez ce chanteur habitué aux rôles de composition populaires. Il est aussi un inquiétant Barbe-Bleue dans Le Château de Barbe-Bleue de Bartók. Parmi ses autres rôles majeurs, il faut retenir Escamillo (Carmen de Bizet), Pizarro (Fidelio de Beethoven), Dr. Schön (Lulu de Berg), Agamemnon (Iphigénie en Aulide de Gluck), Morone (Palestrina de Pfitzner), le Maître de musique (Ariane à Naxos de Richard Strauss), La Roche (Capriccio de Richard Strauss) et la plupart des grands rôles mozartiens (le Comte, Figaro, Guglielmo, Papageno, Don Alfonso, Leporello). Toujours ouvert à de nouvelles expériences, il chante Wesener dans Les Soldats de Zimmermann à l'Opéra de Vienne en 1990. Parallèlement à sa carrière lyrique, il s'impose comme un grand chanteur de lieder, avec peut-être davantage de réussite chez Mahler que chez Schubert. En 1990, il est nommé professeur de lied et d'oratorio à la Hochschule für Musik de Vienne. Sa dernière apparition sur une scène française a eu lieu en 1996 au Capitole de Toulouse, dans Wozzeck, mais cette fois dans le rôle du Médecin. Il meurt subitement d'une crise cardiaque le 27 octobre 2000, à Vienne.
Ce grand chanteur et grand comédien savait[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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