DEXEL WALTER (1890-1973)
Né le 7 février 1890 à Munich, d'un père enseignant, Walter Dexel obtient le baccalauréat en 1909 et, toujours à Munich, s'engage l'année suivante dans des études supérieures d'histoire de l'art. Il a notamment pour professeurs deux éminentes personnalités : Heinrich Wölfflin et Fritz Burger, l'un des rares universitaires spécialisés dans l'art moderne, dont il sera brièvement l'assistant en 1914. Parallèlement, il prend des cours privés de dessin auprès de Hermann Gröber, peintre paysagiste réputé, dans la tradition d'un réalisme « impressionniste ». Durant cette période, il se lie avec une étudiante originaire d'Iéna, Grete Brauckmann, qu'il épouse en 1914. Après un voyage à Paris, où il découvre Cézanne et les cubistes, il décide de poursuivre ses études à Iéna. Sous la direction de l'archéologue Botho Graef (1857-1917), par ailleurs mécène du musée municipal, il y soutient sa thèse en 1916, sur les enluminures dans les manuscrits français des xive et xve siècles.
Walter Dexel a commencé à peindre des aquarelles et tableaux en 1912-1913, lors d'un séjour d'études à Florence. Il s'agit, principalement des paysages, où l'influence de Cézanne est particulièrement sensible. Ensuite, il persévère, imprégné par l'esprit du temps, celui du cubisme et de l'expressionnisme. En 1914, il effectue un séjour à Paris, s'intéressant de près à son architecture et prenant des esquisses de ses monuments. Couronnement de toute cette activité : il expose un choix de ses œuvres pour la première fois à la galerie Dietzel de Munich.
En 1917, il est incorporé dans un bureau des archives de l'armée. Puis, au lendemain de la Première Guerre mondiale, les responsables du musée d'Iéna lui proposent de diriger le programme d'expositions de leur établissement. Au public de cette ville provinciale il donne alors à voir l'art d'avant-garde qu'il apprécie lui-même. Après un ensemble d'œuvres de Heinrich Campendonk, il présente László Moholy-Nagy et, successivement, plusieurs des collègues de celui-ci au Bauhaus : Lyonel Feininger, Paul Klee, Wassili Kandinsky, Gerhard Marcks, Oskar Schlemmer. En 1921, en effet, Walter Dexel s'est lié avec Théo van Doesburg, l'animateur néerlandais de la revue De Stijl, et il est désormais très attiré par les conceptions « constructivistes ». Pour lui, un style rigoureusement « constructiviste », géométrique devient, à partir de 1923, un sésame capable de faciliter le renouvellement de tous les arts, principalement les arts appliqués. Car Dexel ne pratique pas seulement comme peintre, mais comme typographe et publicitaire, architecte d'intérieur, décorateur de théâtre. L'habitat et les usages domestiques sollicitent beaucoup son intérêt : en 1928 paraît un ouvrage qu'il a écrit en collaboration avec sa femme, L'Habitation d'aujourd'hui.
À cette date, l'école d'Arts appliqués de Magdebourg le recrute pour enseigner le graphisme. Mais les autorités nazies, bien que, par souci de sa carrière, il ait adhéré au Parti national-socialiste en 1933, le suspendent de son poste en 1935. Cette même année, il choisit de renoncer à la peinture. Il publie un livre qui tente d'établir, sur huit siècles, le bilan du patrimoine artisanal de l'Allemagne, en proposant une description des objets courants qui ont été fabriqués en métal, en verre ou en terre. L'importance de cette documentation lui vaut de se voir proposer à Berlin, à l'École supérieure pour l'éducation artistique, un enseignement théorique sur l'histoire des formes dans les arts appliqués. Il mettra fin de lui-même à cet enseignement en 1942, en répondant favorablement à une proposition de la municipalité de Brunswick : travailler à l'histoire des objets domestiques et constituer[...]
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Écrit par
- Lionel RICHARD : professeur honoraire des Universités
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