Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

REUTHER WALTER PHILIP (1907-1970)

Importante personnalité du syndicalisme américain. D'abord outilleur chez Ford en même temps qu'il suivait les cours de la Wayne University de Detroit, Walter Reuther prit part au syndicalisme militant après la crise de 1929 et la promulgation du National Recovery Act, lequel marquait la collaboration sous certaines conditions de l'American Federation of Labor (A.F.L.) à la mise en œuvre du New Deal. Il est affilié à l'United Automobile Workers (U.A.W.) : ce syndicat réclamait alors la reconnaissance des syndicats d'industrie au sein de l'A.F.L. qui ne voulait être qu'une fédération de syndicats de métiers ; il aura un rôle actif en 1935 dans la scission de l'A.F.L. qui donnera naissance au Congress (puis Committee) of Industrial Organization (C.I.O.). En 1936-1937, Reuther participe activement aux occupations d'usines qui ont eu pour résultat la reconnaissance effective du Wagner Act par le patronat, c'est-à-dire la reconnaissance par les dirigeants d'entreprises de la présence des syndicats dans les lieux de travail, ce qui se concrétisa par l'élaboration de contrats de travail.

Après la Seconde Guerre mondiale, Reuther accède à un rôle de dirigeant syndical et commence à peser d'un poids considérable dans l'orientation et dans l'organisation du syndicalisme américain. Saisissant le courant qui émane d'une forte minorité d'ouvriers de l'automobile mécontents de l'interdiction du droit de grève pour raison de guerre (no strike pledge) — laquelle est renouvelée en 1945 en raison des menaces d'inflation —, il réclame une augmentation des salaires de 30 p. 100. Pour rendre cette demande crédible, il fait valoir que les consommateurs ne devraient pas subir les conséquences de cette augmentation en payant un prix plus élevé, et il demande au patronat de rendre publique sa comptabilité. Après cent treize jours de grève, l'U.A.W. obtient de la General Motors une augmentation de 18,5 p. 100, résultat sur lequel s'aligneront un très grand nombre d'entreprises. La réussite de cette grève permet à Reuther d'être élu président de l'U.A.W., poste auquel il sera constamment réélu jusqu'à sa mort. Cette première élection fut facilitée par l'anticommunisme de Reuther en une période de préparation à la chasse aux sorcières, car les communistes ne s'opposaient pas au maintien du no strike pledge.

En 1952, après la mort de Philip Murray, Walter Reuther est élu président du C.I.O. L'élection, peu de temps après, d'un nouveau président de l'A.F.L. qui semble plus porté à reconnaître l'archaïsme d'une fédération de syndicats de métiers permet à Reuther d'envisager un rapprochement avec l'A.F.L., lequel intervient en 1955. Mais cette réunification qui prend le nom d'A.F.L.-C.I.O. se révèle peu satisfaisante et peu offensive, eu égard notamment aux initiatives gouvernementales qui réglementent les syndicats, la loi Landrum-Griffith, par exemple. Reuther n'était qu'un des vice-présidents du syndicat, l'A.F.L. ayant amené un nombre d'adhérents supérieur à celui du C.I.O. Dès lors, il mène beaucoup d'actions, mais essentiellement en tant que président de l'U.A.W. et d'une manière beaucoup plus offensive qu'il n'aurait pu le faire en tant que représentant de l'A.F.L.-C.I.O. Cette position isolée l'amène finalement à une rupture en 1967 ; le succès de son soutien apporté au nom de l'U.A.W. à la grève de Delano lui permet en effet d'être reconnu indépendamment du soutien de l'A.F.L.-C.I.O. L'U.A.W. est devenu de nouveau un syndicat autonome, mais avec une force considérable.

Reuther a été formé dans le cadre d'un syndicat sensible aux innovations techniques et est constamment resté vigilant face à[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • AFL-CIO (American Federation of Labor-Congress of Industrial Organizations)

    • Écrit par et
    • 6 913 mots
    • 2 médias
    ...métiers ». Enfin, un conflit de personnes était à son tour écarté : en 1952, George Meany succédait à William Green à la présidence de l'A.F.L., et Walter Reuther prenait la place de Philip Murray à la tête du C.I.O. Trois ans plus tard, la fusion put avoir lieu. Mais les traditions conservatrices représentées...