LANDOR WALTER SAVAGE (1775-1864)
Par son physique et par son caractère, Landor unit les extrêmes : puissante carrure et grande douceur, émotions impétueuses et courtoisie aristocratique. Héritier, à trente ans, de l'importante fortune de son père, il songe à équiper, à ses frais, un régiment de volontaires pour la cause espagnole ; il consacre soixante-dix mille livres à un projet de ferme modèle ; il se brouille définitivement avec sa femme, transfère des sommes énormes à ses enfants, pour se découvrir, à quatre-vingt-neuf ans, tel le roi Lear, victime de leur ingratitude. Quand il meurt, pauvre mais toujours combatif, il a survécu à tous les romantiques, et les grands victoriens, Browning et Tennyson, ont atteint à la célébrité. C'est une personnalité curieuse qui se comporte en romantique — considéré comme un jacobin insensé (mad Jacobin), il est expulsé de Trinity College à Oxford — mais il tire d'une culture classique l'inspiration centrale de toute son œuvre, même quand le thème porte un vêtement exotique comme Gebir : a Poem in Seven Books (1798-1803), poème épique où prédomine l'influence de Milton ; révélateurs, au contraire, sont les titres suivants : Hellenics (1847), Italics (1848) et Heroic Idylls (1863), œuvres poétiques parfaites de forme mais sans élan. Dans les six volumes qui rassemblent ses cent cinquante Imaginary Conversations of Literary Men and Statesmen et Greeks and Romans (1824-1829, 1853), il s'est acquis une gloire littéraire unique par la création de situations variées qui révèlent les caractères, l'esprit d'une époque ou des conflits d'idées, et par la manipulation savante de modulations stylistiques, il est un des maîtres de la prose anglaise, à côté de Thomas De Quincey et de Walter Pater.
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Écrit par
- Louis BONNEROT : professeur honoraire à la Faculté des lettres et sciences humaines de Paris
Classification
Autres références
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ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Littérature
- Écrit par Elisabeth ANGEL-PEREZ , Jacques DARRAS , Jean GATTÉGNO , Vanessa GUIGNERY , Christine JORDIS , Ann LECERCLE et Mario PRAZ
- 28 170 mots
- 30 médias
...inspira aussi à Robert Southey (1774-1843) de longs poèmes qu'on ne lit plus guère (seule sa Life of Nelson, 1813, a survécu). Il faut citer encore Walter Savage Landor (1775-1864), auteur de Gebir (1798), connu grâce à de délicates poésies d'un classicisme alexandrin (The Hellenics, 1847)...