RATHENAU WALTHER (1867-1922)
Homme d'affaires et homme d'État allemand. Séduisant par son ambiguïté, Walther Rathenau fut d'abord un magnat de l'industrie où il succéda à son père, fondateur du konzern Allgemeine Elektrizitäts Gesellschaft (A.E.G.). D'abord ingénieur, il joue un rôle non négligeable dans l'expansion technique de la firme ; puis, après quatre ans passés à la direction d'une société commerciale, il prend en 1907 sa place à la direction de l'A.E.G., qu'il préside à la mort de son père en 1915, mais qu'il dirige en fait dès 1912.
En même temps, Rathenau mène une vie intellectuelle très active, participant à la rédaction de la revue Die Zukunft où il prend des positions très marquées sur le sionisme, défendant des thèses intégrationnistes. D'autre part, il devient un collaborateur officieux du gouvernement impérial, participant à des voyages d'études dans le Sud-Ouest africain. Par ailleurs, Rathenau publie plusieurs essais de qualité, généralement favorables à la « mécanisation » et à l'industrialisation du monde qui permettront le « règne de l'âme ».
En 1914, Rathenau devient le directeur de l'Office des matières premières, ce qui lui permet de diriger toute la guerre économique. Il inspire la politique de Bethmann Holweg, élabore son plan d'une Europe centrale dominée par l'Allemagne et défend l'idée d'une union douanière qui engloberait le Reich, la France et l'Autriche-Hongrie.
À la mort de son père, Rathenau abandonne ses fonctions à l'Office des matières premières, mais continue de collaborer officieusement à l'action gouvernementale. Il prendra position contre la proposition d'armistice en octobre 1918 et réclame la levée en masse. Il souhaite au même moment une révision constitutionnelle instituant autour de la monarchie un système bicamériste, les membres de la seconde chambre étant nommés ou de droit.
Dans un ouvrage sur les problèmes économiques, il préconise la mise en place d'une économie corporative fondée sur des chambres de métiers et d'industrie, inspirant indirectement la pensée économique nazie ; de même il est parmi ceux qui glorifieront le « germanisme vrai » dont il souhaite le retour. En 1919, Rathenau critiquera le régime parlementaire et, dans un livre, L'État nouveau, suggérera la mise en place de conseils, mais il critique souvent avec véhémence la décomposition weimarienne.
Battu aux élections de 1920, il devient ministre de la Reconstruction en 1921 ; il prend ensuite le ministère des Affaires étrangères et sert le rapprochement germano-soviétique qui sera consacré en 1922 par le traité de Rapallo. Il meurt assassiné par les extrémistes de droite.
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Écrit par
- François-Georges DREYFUS : professeur à l'université de Strasbourg-III, directeur de l'Institut d'études politiques de Strasbourg
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