WANG SHU (1963- )
L’architecte chinois Wang Shu est connu pour réutiliser des matériaux récupérés sur des chantiers de démolition. Cette approche ainsi que sa réflexion sur l’architecture chinoise traditionnelle tranchent avec l’urbanisation effrénée de la Chine contemporaine. Il cherche davantage à créer une architecture fondée sur une identité moderne en symbiose avec l’ancienne civilisation chinoise.
Wang Shu naît le 4 novembre 1963, puis grandit, à Ürümqi, la capitale du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine. Il étudie l’architecture à l’Institut de technologie de Nanjing, où il obtient une licence en 1985, puis un master en 1988. Il mène ensuite des recherches sur la restauration des bâtiments pour l’académie des Beaux-Arts du Zhejiang (auj. Académie des arts de la Chine) à Hangzhou. À cette occasion, il achève son premier projet architectural personnel en 1990 : un foyer de jeunes pour la ville voisine de Haining.
Par la suite, Wang Shu étudie longuement les méthodes de construction et les métiers artisanaux du bâtiment. En 1995, il commence des études spécialisées à l’université Tongji, où il passe un doctorat en 2000. À partir de cette même année, il enseigne à l’Académie des arts de la Chine et y dirige le département d’architecture, avant d’être nommé doyen de la faculté d’architecture en 2007. En 2002, il crée avec son épouse, Lu Wenyu, le cabinet Amateur Architecture Studio à Hangzhou, qui lui permet d’affirmer une nouvelle pratique de l’architecture durable, humaniste et intégrée à l’environnement. Wang Shu dessine la bibliothèque du Wenzheng College à l’université de Suzhou (achevée en 2000), plusieurs maisons (Sanhe House à Nanjing, 2003 ; Ceramic House au Jinhua Architecture Park, 2003-2006 ; Five Scattered Houses à Ningbo, 2003-2006), un immeuble d’habitation (Vertical Courtyard Apartments, 2002-2007) et plus d’une vingtaine de bâtiments de l’université Xiangshan (2002-2007) à Hangzhou. Il signe également plusieurs salles d’exposition et pavillons ainsi que le musée d’art contemporain de Ningbo (2005).
Le musée d’histoire de Ningbo (2008) résume sa philosophie de l’architecture. Comme les autres bâtiments, elle intègre des matériaux locaux recyclés (tuiles, briques, pierres) et mêle les technologies modernes à l’artisanat traditionnel tout en prêtant une attention particulière au site sur lequel est bâti l’édifice. Elle offre un contraste saisissant avec les structures ultramodernes qui se multiplient dans la Chine urbaine et qu’il juge « dépourvues d’âme ». À cette époque, Wang Shu signe également l’installation Tiled Garden (2006) pour la biennale de Venise. Ce jardin, auquel on accède par un pont en bambou, est constitué de dizaines de milliers de tuiles récupérées sur les chantiers de démolition de Hangzhou, alignées en rangées qui forment des vaguelettes et invitent à la méditation.
À la biennale de l’architecture de Venise en 2010, il présente Decay of a Dome, une structure autoporteuse dont toute la prouesse réside dans sa simplicité visuelle et d’assemblage, sans clou ni liant.
Après le prix de l’architecture durable en 2007 et la médaille d’or de l’Académie d’architecture de France en 2011, Wang Shu reçoit en 2012 le prix Pritzker pour avoir « produit une architecture éternelle, profondément ancrée dans son contexte, et pourtant universelle ». Le jury souligne « la nature et la qualité exceptionnelles de l’œuvre exécutée » ainsi que « son engagement constant en faveur d’une architecture sans complaisance et responsable, fondée sur le sentiment d’appartenance à une culture et un lieu spécifiques ». En dépit de sa popularité et de sa renommée grandissantes en tant qu’architecte, Wang Shu, qui pratique également la calligraphie, se considère avant tout comme un lettré, puis un artisan et, en dernier lieu, un architecte. Il voit dans la capacité d’adaptation et d’improvisation[...]
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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