WARNER BROS
Warner Bros est une des plus célèbres majors hollywoodiennes, une des plus représentatives aussi par ses origines, son évolution et son intégration à l'ère de la télévision et d'Internet. Elle est née sous la forme d'une petite affaire familiale, réunissant quatre frères issus de l'immigration juive d'Europe centrale : Harry (1881-1958) et Albert (1882-1967), nés en Pologne, dirigeront les secteurs financiers et commerciaux jusqu'en 1956 ; Sam (1888-1927), le plus technicien, et Jack (1892-1978), nés au Canada, ont été les premiers à s'enthousiasmer pour l'aventure cinématographique. Jack régnera sur le studio de production, puis sur l'ensemble de la société jusqu'en 1967.
Naissance d’une « major »
C'est l'expérience de projectionniste de Sam Warner qui entraîne la famille dans la nouvelle activité, alors en pleine expansion. Aux premiers gains, facilement acquis par l'exploitation d'une salle de cinéma (Nickel Odeon), puis dans une petite entreprise régionale de distribution de films, succéderont de cuisants échecs dans la production. En 1917, année de l'entrée en guerre des États-Unis, les Warner mettent en chantier un film de propagande antiallemand, My Four Years in Germany, tiré des Mémoires d'un ambassadeur américain dont Harry avait acheté les droits. C'est un grand succès, ce qui leur permet de construire un studio à Hollywood, la toute nouvelle capitale du cinéma : première marche de la destinée d'une des plus grandes compagnies cinématographiques américaines et mondiales.
Au temps du muet, c'est le chien Rin Tin Tin (Find your man, 1924) qui est la première star de la Warner Bros, société par actions créée en 1923 et qui bénéficie sans tarder de l'aide d'une importante banque de Wall Street, Goldman Sachs. Le studio reçoit le concours de Darryl Zanuck, scénariste – et plus tard superviseur de la production –, des acteurs John Barrymore et Adolphe Menjou, des réalisateurs Ernst Lubitsch, Michael Curtiz, Lewis Milestone. Sam Warner, qui s'est intéressé très tôt à la radio (un émetteur fonctionnait dans le studio dès 1925), est à l'origine de la collaboration avec la Western Electric qui a investi dans les techniques de cinéma sonore. Les Warner sont ainsi les premiers, avec Fox, à parier sur l'avenir économique du son au cinéma ; après quelques bandes purement musicales, la société fait triompher le parlant, grâce à quelques phrases (350 mots seulement) prononcées entre deux chansons par Al Jolson dans Le Chanteur de jazz (The Jazz Singer, présenté en octobre 1927). L'innovation est payante. Les Warner peuvent acquérir des circuits de salles ainsi que la puissante First National et son studio de Burbank, au nord de Hollywood. En 1930, la Warner Bros emploie 18 000 personnes dans les trois branches (production, distribution, exploitation), et se lance dans l'édition phonographique.
Le studio peut tabler sur des acteurs tels que James Cagney, Edward G. Robinson, Bette Davis, Errol Flynn, puis George Raft et Humphrey Bogart. Connu pour ses comédies musicales et ses films de gangsters, il cultive les genres les plus populaires, mais aussi la biographie romancée, et aborde des thèmes sociaux qui lui confèrent une réputation de « studio du New Deal ». Après Pearl Harbor, il réalise de nombreux films de guerre ainsi que des films antinazis. Engagés à leur manière par les films destinés à soutenir le moral de la nation, les Warner produiront ensuite une série de films anticommunistes aux débuts de la guerre froide. Le soin donné aux compléments de programme les a amenés à intégrer la production de dessins animés, dont les héros (Bugs Bunny, Porky, Daffy Duck, Bip-Bip, Titi et Grosminet) leur apporteront prestige et produits dérivés non négligeables.
Dans les dernières années[...]
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Écrit par
- Daniel SAUVAGET : économiste, critique de cinéma
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Média
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