SHORTER WAYNE (1933-2023)

Weather Report

Wayne Shorter fonde en 1971 avec son ami Joe Zawinul et le bassiste Miroslav Vitous le groupe Weather Report qui entreprend de marier l’énergie du rock et l’improvisation du jazz avec l’utilisation d’instruments électriques, la pratique d’une grande liberté expérimentale et les échos des musiques folkloriques du monde entier. Pendant quinze ans, le succès ne se démentira pas. En témoignent les albums Weather Report (1971) et Sweetnighter (1973), Black Market (1975-1976), Mr. Gone (1978), tous deux enregistrés avec le bassiste Jaco Pastorius qui s’illustre dans le groupe de 1976 à 1982. Toutefois, le rôle du soliste au saxophone soprano ainsi que celui du compositeur s’efface progressivement au fil des années et, quelque peu décontenancé par l’évolution du groupe, Wayne Shorter quitte la formation en 1985. Suivent une longue pause dans ses activités musicales et un silence discographique qui n’est troublé que par quelques enregistrements peu marquants. Mais il continue de collaborer, comme il le fait depuis la fin des années 1970, avec de nombreux artistes tels que Carlos Santana, Don Henley, Salif Keita, les Rolling Stones, Joni Mitchell, Pino Daniele, Airto Moreira ou le groupe Steely Dan.

En 1991, Wayne Shorter fait partie des musiciens qui entourent Miles Davis, quelques semaines avant son décès, lors de son dernier concert à Paris. Herbie Hancock lui demande ensuite de rejoindre, pour un unique concert d’hommage, la reconstitution, autour de Freddie Hubbard, de son second quintette. Ce projet se prolongera en réalité plusieurs années. Wayne Shorter fonde en 2000 un nouveau quartette, le Wayne Shorter Quartet, qui rassemble de jeunes musiciens : Brian Blade (batterie), John Patitucci (contrebasse) et Danilo Pérez (piano). De nouvelles tournées internationales sont marquées par quelques enregistrements publics et en studio : Alegria (2003), Beyond the Sound Barrier (2005). En 2013, à quatre-vingts ans, le saxophoniste signe un ultime album, Without a Net, qui regroupe des performances scéniques datant de 2011.

On doit à Wayne Shorter de nombreuses compositions parmi lesquelles une trentaine de standards plébiscités par les jazzmen, comme « Black Nile », « ESP », « Footprints », « Juju », « Nefertiti », « Night Dreamer » ou « Speak No Evil ». D’abord marqué par la fougue et le volume sonore de Sonny Rollins, son jeu adoptera les longues phrases sinueuses, le débit incantatoire, le bouillonnement harmonique et le goût des contrastes poussés au paroxysme de John Coltrane. Au contact de Miles Davis, il s’ouvrira aux effusions feutrées, aux sonorités légèrement rauques et aux timbres voilés. Ceci sans jamais masquer un profond lyrisme qui reste sa véritable signature. Wayne Shorter meurt à Los Angeles le 2 mars 2023.