WEHLER HANS ULRICH (1931-2014)

Les débats publics comme combat

Wehler est également un débatteur passionné qui revendique un « principe agonal » le conduisant souvent à adopter des positions tranchées dans ses affrontements scientifiques et publics (par exemple contre l’histoire du quotidien, l’Alltagsgeschichte, et l’histoire culturelle). Il est un des principaux protagonistes de la « querelle des historiens », s’opposant avec Jürgen Habermas à Ernst Nolte. À la fin des années 1990, il prend la défense de son mentor Schieder dans les débats autour du rôle des historiens dans le développement du national-socialisme. S’il reconnaît la gravité de l’implication de Schieder (qui avait parlé, dans certains travaux, de la « déjudaïsation » de certaines régions polonaises), Wehler insiste sur la seconde chance que cette génération d’historiens a eue et saisie (dans le cas de Schieder) en se montrant respectueux de la démocratie ouest-allemande.

Wehler prend ensuite position dans des débats d’actualité, s’exprimant contre l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne et exposant dans son dernier ouvrage (Die neueUmverteilung, 2013) sa crainte que les inégalités sociales puissent fragiliser la démocratie allemande. Peu connu en France et rarement traduit – probablement à cause de sa focalisation sur l’histoire allemande –, il faisait partie des défenseurs les plus convaincus de l’importance de l’histoire dans les débats publics allemands.