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HERZOG WERNER (1942- )

Né en 1942 à Sachrang (Bavière), Werner Herzog, dont le véritable patronyme est Stipetic, est aux yeux de l'étranger « le plus allemand des cinéastes allemands contemporains », selon son collègue et ami Volker Schlöndorff. De fait, ses films témoignent incontestablement d'une volonté de s'inscrire dans cette tradition littéraire, philosophique et cinématographique. D'où une fusion de traits romantiques et expressionnistes, une fascination pour des personnages hors du commun, des références au fantastique et un culte de la Nature qui lui ont valu une partie de son succès. Il faut ajouter que, si son appropriation de figures archétypales, comme Kaspar Hauser, Nosferatu, Woyzeck, est bien connue, son Invincible (Unbesiegbar, 2000) est un film sur Hanussen, le mage de Hitler, protagoniste de plusieurs films et téléfilms allemands antérieurs. Werner Herzog s'est aussi confronté à des genres qui sont parmi les plus caractéristiques du cinéma allemand : le Heimatfilm (idylle rurale conservatrice) avec Cœur de verre (Herzaus Glas, 1976), ou le film de montagne avec Cerro Torre, Le Cri de la roche (Cerro Torre, Schreiaus Stein, 1991).

Quelques points forts de l'œuvre ont nourri les commentaires. Il en est ainsi de la problématique du « surhomme » et du « sous-homme », devenue source de malentendus. S'il est vrai qu'Herzog a alterné les films dont les héros sont socialement, psychologiquement ou physiquement « faibles » et d'autres où, à l'inverse, le héros est « fort », voire doté d'une volonté de puissance qui l'entraîne dans la folie, la dialectique de la victime et de l'oppresseur ne fonctionne pas dans un sens « fascistoïde », comme cela a pu être reproché au cinéaste. À la première catégorie appartiennent Les Nains aussi ont commencé petits (Auch Zwergenhabenkleinangefangen, 1970), L'Énigme de Kaspar Hauser (JederfürsichundGottgegenalle, 1974), La Ballade de Bruno (Stroszek, 1978), Woyzeck(1979), c'est-à-dire des œuvres où les marginaux représentent fondamentalement des éléments dérangeants mettant à nu les tares de la société. L'autre série, inaugurée par Aguirre (1972), et qui comprend Fitzcarraldo (1982), Le Pays où rêvent les fourmis vertes (Wo die grünenAmeisenträumen, 1983), Cobra verde (1987), Cerro Torre, Le Cri de la roche, montre des aventuriers souvent mégalomanes. Leur quête se heurte à toutes sortes d'obstacles, à commencer par l'environnement naturel et ses occupants.

Cette double démarche se retrouve dans les documentaires que Werner Herzog a consacrés aux handicapés (Avenir handicapé, BehinderteZukunft, 1970 ; Le Pays du silence et de l'obscurité, Land des Schweigensund der Dunkelheit, 1972), aux enfants-soldats Miskitos engagés dans la guerre civile au Nicaragua (La Ballade des petits soldats, Ballade vomkleinenSoldaten, 1984), à un vieux Guadeloupéen qui refusait de quitter les flancs du volcan en éruption (La Soufrière, 1976) – et à des personnages d'exception dont les victoires ont un goût amer, ou se révèlent éphémères : un champion de saut à ski également sculpteur de figurines religieuses (Die grosse Ekstase des Bildschnitzers Steiner, 1974), le grand alpiniste Reinhold Meissner (Gasherbrum, 1984).

Aguirre, la colère de Dieu (Aguirre, der Zorn Gottes, 1972), le film par lequel la plupart des cinéphiles ont découvert Herzog (et dont Fitzcarraldo ou Cobra verde sont les prolongements), est un peu le prototype de cette germanité cinématographique, portée à l'excès par le jeu de l'acteur Klaus Kinski. En 1999, huit ans après la mort de son acteur fétiche, Herzog a consacré à leurs relations empreintes de violence un documentaire à la fois émouvant et narcissique, Ennemis intimes (MeinliebsterFeind), qui souligne l'importance du pôle romantique-expressionniste incarné par Kinski dans[...]

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