SOMBART WERNER (1863-1941)
Économiste, né à Ermsleben en Allemagne. Son père était industriel et fut élu au Reichstag où il siégea dans les rangs des nationaux-libéraux. Werner Sombart étudia le droit, l'économie, l'histoire et la philosophie à Pise, à Rome puis à Berlin, où il fut reçu docteur en 1888. D'abord secrétaire de la Chambre de commerce de Brême pendant deux ans, il fut ensuite nommé professeur extraordinaire à l'université de Breslau, mais il attendit longtemps avant d'être nommé professeur ordinaire et le couronnement tardif de sa carrière à l'université de Berlin ne doit pas dissimuler que ses œuvres furent souvent discutées, quelquefois même peu appréciées de ses collègues, et qu'il trouva le succès d'abord auprès du grand public. Esprit puissant et original, riche de connaissances immenses et variées, il était capable de vues rapides et pénétrantes plus que de constructions rigoureuses ; il séduisait ou irritait son public par l'ampleur de ses synthèses historiques, par ses opinions tranchées, quoique variables, et par son ton volontiers provocant.
En 1894, lorsque parut le troisième volume du Capital de Marx, Sombart publia une critique très admirative qui lui valut les compliments d'Engels. Mais en 1896, son livre intitulé Socialisme et mouvement social au XIXe siècle contient des critiques fort vives du socialisme en général et du marxisme en particulier. L'ouvrage connut un grand succès et fut traduit en vingt-quatre langues. La dixième édition, publiée en 1924 sous le titre : Le Socialisme prolétarien, reproduit ces critiques alors que dans le tome III du Capitalisme moderne (deuxième édition publiée en 1927, trad. franç. : L'Apogée du capitalisme) il présentait son œuvre comme la continuation, et, en un sens, comme le plein achèvement de celle de Marx. Sombart a dit lui-même avoir trouvé dans l'œuvre de ce dernier le point de départ de ses travaux personnels, mais il l'a corrigé autant qu'il l'a prolongé. Il a été influencé aussi par Wilhelm Dilthey, par Eduard Bernstein, par Max Weber avec lequel il fonda, en 1903, les Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, ainsi que par Gustav Schmöller, l'éminent représentant de l'école historique allemande, qui fut son maître à Berlin. On peut donc au total considérer à la suite de Schumpeter, que Sombart eut des liens d'affiliation intellectuelle également forts avec Karl Marx et avec l'école historique allemande.
Son œuvre éclaire les faits économiques par leur genèse historique et leurs fonctions dans les diverses périodes de la civilisation. Mais les historiens ont remarqué que le goût de Sombart pour les vastes synthèses l'éloignait souvent de l'histoire économique proprement dite et les économistes, d'autre part, ont observé qu'il ne s'est guère soucié de faire progresser la théorie économique. Il a, en réalité, examiné, à la lumière de l'histoire, les faits économiques et sociaux avec le souci d'en tirer des conclusions très générales. On pourrait le considérer, dans le langage d'aujourd'hui, comme un sociologue des systèmes économiques ; cette idée est fortement suggérée par le sous-titre qu'il a choisi pour Le Capitalisme moderne : « Exposé historico-systématique de la vie économique dans l'ensemble de l'Europe depuis ses débuts jusqu'aux temps présents ».
L'interrogation principale de Sombart a porté sur les origines, le sens et l'avenir du capitalisme, comme en témoignent sa grande œuvre : Le Capitalisme moderne, ainsi que Les Juifs et la vie économique (1911) et le remarquable ouvrage de 1913 : Le Bourgeois, contribution à l'histoire morale et intellectuelle de l'homme économique moderne. Ces deux derniers ouvrages, et le second surtout, ont nourri une polémique[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Claude LAMBERTI : professeur à l'université de Paris-V, maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Paris
Classification
Autres références
-
CAPITALISME - Sociologie
- Écrit par Michel LALLEMENT
- 3 521 mots
- 2 médias
...également variés (salariat, métayage, servage...). Les procès et contrepoints adressés à Weber sont aussi nombreux que ceux que l'œuvre de Marx a pu susciter. Selon Werner Sombart, universitaire allemand contemporain de Weber, le puritanisme n'aurait eu en fait qu'une influence mineure sur le développement du... -
SOCIOLOGIE WEBERIENNE
- Écrit par Isabelle KALINOWSKI
- 2 388 mots
...Weber d'avoir contribué à l'introduction et à la légitimation de Marx dans le monde académique allemand. Dans les toutes dernières années du xixe siècle, il fut, avec Sombart, l'un des premiers universitaires allemands à conseiller à ses étudiants la lecture de cet auteur qui, non seulement pour...