WEST SIDE STORY, film de Jerome Robbins et Robert Wise
Adapté d'un spectacle de Broadway (1957), modernisant lui-même le Roméo et Juliette de Shakespeare, West Side Story appartient à la série des comédies musicales pour écran large (en Panavision) et son stéréophonique des années 1950-1960, et fut un immense succès : avec dix oscars, le film ne sera dépassé que par Ben Hur (1959) et Titanic (1997). Comme en son temps Un jour à New York (On the Town, 1949), de Stanley Donen et Gene Kelly (avec déjà une musique de Leonard Bernstein), il vise à moderniser le genre musical et à le faire descendre dans la rue – même si la plupart des séquences ont été tournées en studio. Le thème des rivalités de bandes avait été popularisé par le cinéma américain, avec des films comme L'Équipée sauvage (The Wild One, 1953), de Laszlo Benedek, et La Fureur de vivre (Rebel without a Cause, 1955), de Nicholas Ray ; mais, pour la première fois, il est traité en film musical, sous une forme édulcorée, il est vrai. L'œuvre n'eut pas de descendance précise, le genre musical se tournant plutôt vers le « rétro » et le film à costumes, mais elle a gardé sa popularité, grâce notamment à la beauté de sa musique et à la puissance, jamais égalée à ce jour, des ballets collectifs de Jerome Robbins (1918-1998). Le chorégraphe partage – fait exceptionnel – l'oscar de la mise en scène avec Robert Wise (1914-2005), excellent réalisateur qui aborda presque tous les genres populaires et reviendra à la comédie musicale grand écran avec notamment La Mélodie du bonheur (The Sound of Music, 1965), le plus grand et le plus durable succès du genre.
Un amour interdit
Dans un quartier populaire du « West Side » de Manhattan s'affrontent deux bandes, celle des « Jets » (Américains blancs), et celle des « Sharks » (Portoricains fraîchement immigrés), qui se disputent quelques rues et terrains de jeu. Le jeune Tony, polonais d'origine, ami de Riff, le chef des Jets, voudrait échapper à cet univers. Dans une soirée dansée, il a un coup de foudre (réciproque) pour la Portoricaine Maria, sœur de Bernardo, le chef des Sharks. La compagne de Bernardo, Anita, regarde cet amour avec indulgence et s'en fait la complice. Mais la logique de la guerre des bandes et des préjugés raciaux de la police sera fatale, et Tony, meurtrier de Bernardo lors d'un duel absurde qu'il n'a pas voulu, finira tragiquement assassiné dans la rue. Les deux jeunes gens ne trouveront jamais leur place sur la terre. Maria accuse les deux gangs d'avoir provoqué une mort inutile.
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Écrit par
- Michel CHION : écrivain, compositeur, réalisateur, maître de conférences émérite à l'université de Paris-III
Classification
Média
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