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WESTERN

Western - crédits : Ernst Haas/ Getty Images

Western

Plus qu'un genre éminemment populaire – une histoire de feu et de sang avec des hommes à cheval et des paysages grandioses –, plus qu'un combat manichéen entre le bien et le mal, le western est l'expression d'un milieu culturel particulier, celui des États-Unis d'Amérique. Étroitement lié à une expérience collective – la conquête de l'Ouest –, le western supporte une tradition nationale qu'il exalte ou critique, transforme en épopée ou démystifie, mais hors de laquelle il ne saurait exister. Le western italien, dès lors qu'il n'utilise qu'un moule vide, ne peut en aucun cas retenir l'attention : il n'est qu'un sous-produit frelaté dont le développement correspond aux seules ambitions mercantiles. Sans enracinement dans la civilisation américaine, il n'y a pas de western : sous des dehors changeants, le cow-boy ou le gun-man nous renvoient sans cesse l'image du Nouveau Monde.

L'espace et le temps

Le western peut se définir dans l'espace et dans le temps. Géographiquement, son aire naturelle coïncide avec l'ouest des États-Unis, mais, de par la nature nomade des héros qui le peuplent, son domaine s'est étiré vers le nord jusqu'en Alaska (Le Grand Sam, North to Alaska, Henry Hathaway, 1960) et vers le sud, où le Mexique offre un cadre de plus en plus fréquemment utilisé. Toutefois, le centre de gravité demeure aux États-Unis au moins par la nationalité des protagonistes. Les films tournés au Mexique (Vera Cruz, Robert Aldrich, 1954 ; Les Professionnels, The Professionnals, Richard Brooks, 1966 ; Les Cent Fusils, Hundred Rifles, Tom Gries, 1968 ; La Horde sauvage, The Wild Bunch, Sam Peckinpah, 1969), ou même en Bolivie (Butch Cassidy et le Kid, Butch Cassidy and the Sundance Kid, George Roy Hill, 1969) ne sont des westerns que parce qu'ils mettent en scène des Américains. Par contre, des films ayant comme personnage central Juárez, Pancho Villa ou Emiliano Zapatta ne relèvent pas du genre.

Historiquement, la période « classique », que prend pour sujet le western, se situe dans la seconde moitié du xixe siècle. Cette période peut se dilater assez sensiblement et inclure tout le xviiie siècle et la première moitié du xixe, à la condition que le thème soit d'inspiration traditionnelle et qu'il évoque la pénétration des colons en direction de l'ouest. Au départ des colonies de la Nouvelle-Angleterre, les expéditions organisées au xviiie siècle fournissent les bases du Grand Passage (Northwest Passage, King Vidor, 1940) et des Conquérants d'un nouveau monde (Unconquered, Cecil B. De Mille, 1946). Dans la première moitié du xixe siècle, des trappeurs pénètrent dans les territoires indiens des montagnes Rocheuses ; leurs aventures apparaissent avec le plus d'authenticité dans des œuvres comme Le Convoi sauvage (Man in the Wilderness, Richard C. Sarafian, 1971) et Jeremiah Johnson (Sydney Pollack, 1972). La chronologie du western peut aussi englober le début du xxe siècle comme le font de nombreux films (Willie Boy, Abraham Polonski, 1969 ; Butch Cassidy et le Kid ; Un nommé Cable Hogue, The Ballad of Cable Hogue, Sam Peckinpah, 1969 ; John McCabe and Mrs. Miller, Robert Altman, 1971) ; la limite extrême étant la Première Guerre mondiale. Parler de westerns à propos de films qui se situent dans un cadre contemporain relève d'une commodité de langage et non d'une définition cohérente ; entre ces œuvres et les westerns véritables, il existe tout au plus une certaine communauté d'état d'esprit, une certaine approche identique des personnages, mais il manque une dimension fondamentale du western : la distance historique. Le western ne raconte pas au présent, le récit se situe forcément dans le passé, un recul nécessaire s'instaure entre l'époque où se déroule l'action et le moment où elle est reçue : la signification historique[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne

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Médias

Western - crédits : Ernst Haas/ Getty Images

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