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MARTENS WILFRIED (1936-2013)

Ancien Premier ministre du royaume de Belgique, Wilfried Martens a dirigé neuf gouvernements de 1979 à 1992. Mais il fut d'abord un militant flamand.

Né le 19 avril 1936 à Sleidinge, Wilfried Martens suit des études de droit à l’université catholique de Louvain. Son engagement dans le mouvement flamand débuta dès ses années d'université. Il appartient à la génération qui opère la résurgence à visage découvert de ce mouvement, après les années d'expression discrète de l'immédiat après-guerre. La manifestation d'étudiants flamands protestant au cours de l'été de 1958 contre l'usage exclusif du français au pavillon de la République française à l'Exposition internationale et universelle de Bruxelles symbolise assez bien l'irruption de cette génération, qu'on retrouve au Vlaamse Volksbeweging (V.V.B., Mouvement populaire flamand) et au Vlaams Aktiekomitee voor Brussel en de Taalgrens (V.A.K., Comité d'action flamand pour Bruxelles et la frontière linguistique). Wilfried Martens est, à partir de 1960, membre du bureau du V.V.B., groupe de pression flamand pour une réforme fédérale de l'État, et présente le rapport politique à son congrès du 4 février 1962. Il est trésorier du V.A.K., qui organise en octobre 1961 et en octobre 1962 les « marches flamandes sur Bruxelles », manifestations de masse par lesquelles le mouvement flamand entend exercer une pression sur le monde politique et sur l'opinion à la veille de l'adoption d'une nouvelle législation sur l'emploi des langues.

Une autre période de sa carrière s'ouvre ensuite avec son engagement dans une formation politique. Il devient, en février 1967, président des C.V.P.-Jongeren (jeunes sociaux-chrétiens flamands) où il adopte une démarche visant au rapprochement ou à tout le moins au dialogue avec les jeunes socialistes flamands.

Il devient, le 4 mars 1972, président du Christelijke Volkspartij (C.V.P.), premier parti de Flandre (et de Belgique). Il est élu député de Gand le 10 mars 1974. Au cours des délicates négociations institutionnelles de 1977-1978, il fait figure de garant des engagements souscrits par son parti, ce qui en fait le successeur potentiel du Premier ministre Leo Tindemans (qui lui succédera à la présidence du parti). Après la longue crise de l'hiver de 1978-1979, il devient Premier ministre. À la tête de coalitions entre sociaux-chrétiens et socialistes (élargies aux fédéralistes bruxellois du F.D.F. jusqu'au début de 1980 et aux libéraux au cours de l'été de 1980), il donne dans un premier temps la priorité au règlement des problèmes institutionnels. Après la quatrième révision de la Constitution et les lois de réformes institutionnelles d'août 1980, les sociaux-chrétiens arbitrent le désaccord entre socialistes et libéraux sur la politique financière et économique en maintenant leur alliance avec les premiers seuls. C'est le Premier ministre lui-même qui va, quelques mois plus tard, opérer le virage décisif, lors du sommet européen de Maastricht. Après une retraite de quelques mois, après de nouvelles élections (une défaite pour son parti, qui obtient le plus mauvais résultat de son histoire), Wilfried Martens prend, à la fin de 1981, la tête d'une coalition avec les libéraux qui donne cette fois la priorité aux problèmes budgétaires et qui sera reconduite après les élections d'octobre 1985. Après une nouvelle défaite électorale grave de son parti en décembre 1987 et une très longue crise gouvernementale, Wilfried Martens se succède à lui-même en mai 1988 à la tête d’une coalition associant cinq partis (socialistes francophones et flamands, sociaux-chrétiens flamands et francophones, fédéralistes flamands de la Volksunie) qui réalise à nouveau en 1988-1989 d’importantes réformes institutionnelles. En novembre 1991, à la suite des élections législatives, il remet sa démission au roi Baudouin ; il reste en fonctions[...]

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Écrit par

  • : président-directeur général du Centre de recherche et d'information sociopolitiques, Bruxelles

Classification

Autres références

  • BELGIQUE - La période contemporaine

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    • 9 057 mots
    • 3 médias
    ...des partis flamands, mettant en doute la viabilité de la sidérurgie wallonne, exigent la cessation des aides publiques en sa faveur. Le gouvernement de Wilfried Martens, soumis à de graves tensions internes, élabore un compromis sous la forme d'une loi relative « au financement des secteurs nationaux...