BACKHAUS WILHELM (1884-1969)
Objectivité plutôt qu'austérité
Wilhelm Backhaus est apparu très vite comme le plus pur représentant de la grande tradition germanique. D'abord par le répertoire, qui se resserre, au fil du temps, autour de Bach, Mozart, Haydn, Beethoven – dont il donnera, au disque comme au concert, l'intégrale des sonates et des concertos pour piano –, Schubert, Schumann et Brahms, dont il fut l'un des plus grands interprètes. Par le style ensuite, avec une construction rigoureuse qui s'appuie sur l'étude approfondie de la partition, une noblesse de ton et une sobriété de moyens très caractéristiques. Derrière une austérité de surface, il faut savoir redécouvrir une sonorité charnelle, une passion de l'objectivité à mille lieues de la froideur et de l'indifférence, un engagement total, bref une sincérité dont il y a peu d'exemples.
Parmi ses grands enregistrements figure une intégrale des trente-deux sonates pour piano de Beethoven, réalisée pour Decca (1950-1954) et considérée comme une des plus équilibrées en dépit de son caractère souvent austère. Sa gravure des cinq concertos pour piano de Beethoven avec l'Orchestre philharmonique de Vienne sous la baguette de Hans Schmidt-Isserstedt demeure une référence (Decca, 1958-1959), mais ne doit pas éclipser celles du Troisième Concerto avec Karl Böhm à la tête de l'Orchestre philharmonique de Vienne (Decca, 1950) et du Cinquième Concerto « L’Empereur » avec le même orchestre sous la baguette de Clemens Krauss (Decca, 1953). Pour Beethoven, il faut ajouter sa gravure des Trente-Trois Variations sur un thème de valse de Diabelli, opus 120 (Decca, 1954). De Brahms, on retiendra les deux concertos pour piano, avec l'Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Karl Böhm (no 1 : Decca, 1953 ; no 2 : Decca, 1967), le Deuxième Concerto avec Carl Schuricht à la tête du même orchestre (Decca, 1953), les deux sonates pour violoncelle et piano (no 1, opus 38 ; no 2, opus 99), où il est en compagnie de Pierre Fournier (Decca, 1955), les 16 Valses à deux mains, opus 39 (H.M.V., 1932 et 1936), les deux Rhapsodies, opus 79 (H.M.V., 1932 ; Decca, 1956), les 6 Klavierstücke, opus 118 (H.M.V., 1932 ; Decca, 1956). Wilhelm Backhaus a laissé une remarquable interprétation du dernier concerto pour piano de Mozart, le no 27, K 595, avec Böhm à la tête de l'Orchestre philharmonique de Vienne (Decca, 1955).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
Médias
Autres références
-
PIANO
- Écrit par Daniel MAGNE et Alain PÂRIS
- 4 344 mots
- 15 médias
Avec Artur Schnabel (1882-1951), Wilhelm Backhaus (1884-1969), Edwin Fischer (1886-1960) et Arthur Rubinstein (1886-1982), une page semble tournée. Schnabel et Backhaus donnent à l'œuvre de Beethoven une dimension nouvelle par une approche globale ; Rubinstein modernise l'héritage de Paderewski ;...